La Dordogne se libère
La Dordogne se libère
Au mois d’août 1944 la situation militaire tourne à l’avantage de la Résistance : mieux équipée, mieux organisée, elle bénéficie en outre de la réussite des opérations alliées. La libération du département devient alors son objectif.
La Résistance intensifie ses opérations pour contrer et paralyser l’occupant alors que celui-ci continue ses campagnes de désinformation et accentue la pression sur les autorités civiles. Le 15 août 1944 le débarquement en Provence complète le dispositif stratégique des Alliés et contraint Hitler à ordonner le repli de ses troupes. La Résistance périgourdine accélère alors ses opérations en vue de la libération du département.
Les sabotages et le harcèlement des troupes allemandes
La Résistance ne cesse de saboter les voies de communication et harcèle l’occupant notamment dans ses mouvements de repli.
L’un des outils de la Libération : la cartouche explosive Nobel’s explosive n° 808. Inventée par Alfred Nobel, elle est produite à Glasgow et fournie aux résistants par les services britanniques du Special operations executive (SOE). Cet emballage de cartouche explosive a été découvert le 17 décembre 1943 lors du sabotage de la grue stationnée aux ateliers de la SNCF à Périgueux.
1421 W 109
À Saint-Astier, le 19 août 1944, un détachement allemand qui occupe la carrière de la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Ouest (SNCASO) est attaqué puis encerclé par la Résistance. Le 20 août, après des négociations, le détachement se rend à la Résistance. Cependant, des éléments de l’armée allemande, en garnison à Périgueux, qui se replient vers Bordeaux, se heurtent à la Résistance à Montanceix et un violent combat s’engage. La Résistance se retire et les Allemands fusillent 21 civils à Saint-Astier, dont le curé et l’interprète venus demander la reddition allemande.
La propagande et la pression de l’armée allemande sur les autorités françaises
De faux tracts de la Résistance :
Le 24 juillet 1944 des tracts signés du Gouvernement provisoire de la République et de l’Union patriotique des femmes françaises sont distribués à Périgueux. Le commissariat de police précise dans une note qu’ils sont distribués en réalité par les autorités allemandes. Celles-ci tentent encore d’insinuer le doute sur la libération et l’action de la Résistance.
Tract allemand dénonçant la IVe République. 1 W 1803
Le 28 juillet 1944 un représentant de la préfecture rencontre le chef de la police allemande (le capitaine Hambrecht). Celui-ci indique notamment qu’un « système d’otages » est envisagé en représailles à des opérations de la Résistance. Par ailleurs on peut lire dans ce document qu’aucun résistant ne s’est présenté à l’amnistie proposée par les autorités allemandes à la fin du mois de juin 1944 (voir l’exposition virtuelle : La contre-offensive allemande ).
Dans ce rapport de l’entrevue du 11 août 1944, entre un délégué de la ville de Périgueux et le général commandant les troupes allemandes en Dordogne, on note que les questions de maintien de l’ordre préoccupent particulièrement l’armée allemande. On apprend également que cette dernière a fait édifier des barrages sur les voies d’accès de la ville : la Résistance accentue en effet sa présence autour de Périgueux.
1 W 1809
Le combat est cependant en faveur de la Résistance
Le 13 août 1944, l’Armée secrète du secteur nord de la Dordogne fait paraître le premier numéro de Forces françaises. On peut notamment y lire en première page que la Résistance multiplie les coups de main.
Le 15 août 1944 les Alliés débarquent sur les côtes de Provence, ouvrant un second front en France qui offre de nouvelles perspectives militaires à la Résistance. C’est par ailleurs le 15 août 1944 que Brive (Corrèze) devient la première ville de France à être libérée par la Résistance.
Des parties du territoire sont libérées
Le 10 juin 1944 des détenus politiques sont libérés de la prison de Nontron par la Résistance. Cette action marque le début de la libération de cette partie de la Dordogne. Dans cette note adressée au préfet l’informant de la libération de 36 condamnés par les Forces françaises de l’intérieur (FFI), on peut remarquer que les gendarmes affectés à la garde de la prison ont rejoint les rangs de la Résistance.
1 W 1836
La Résistance apparaît au grand jour
La libération de Périgueux
André Boissière, Roland Clée et Roger Rougié du groupe franc Roland de l’Armée secrète. Cette photographie, largement diffusée après la Libération et utilisée dans de nombreux ouvrages fait référence à l’opération audacieuse menée par les trois hommes déguisés en ecclésiastiques pour rentrer dans Périgueux et dérober 3000 litres de benzols à l’occupant, quelques jours avant la libération de la ville.
116 J 12, fonds Boucharel
Un témoin de la libération de Périgueux : Jeannette Andrieux
Jeannette Andrieux a 17 ans en 1944. À Périgueux elle participe à l'engagement de sa famille dans la Résistance : son frère, Samson Roche, est résistant parmi les Francs-tireurs et partisans (FTP) et sa mère, Gabrielle Roche, cache une famille israélite chez elle. Dans ce témoignage elle évoque « deux malheureux » exécutés : il s’agit de deux jeunes gens du groupe FTP Gardette tombés le 4 mars 1944 à Niversac dont elle reconnaît les corps à la mairie de Sainte-Marie-de-Chignac.
Pour écouter le témoignage intégral de Jeannette Andrieux sur le site Mémoires de Résistances : Jeannette Andrieux – Occupation et Résistance à Périgueux
Un souvenir du défilé de la libération à Périgueux : Robert Laporte
Robert Laporte entre dans la Résistance en 1943 en distribuant des journaux clandestins. Il refuse de se soumettre au Service du travail obligatoire (STO) et rejoint le groupe Marianne de l’Armée secrète dans la région de Vergt.
Pour écouter le témoignage intégral de Robert Laporte sur le site Mémoires de Résistances : Robert Laporte – Le groupe AS Marianne et le 26e RI (2)
La Libération de Périgueux le 19 août 1944 puis de la Dordogne le 22 août 1944 : émission de Radio Périgueux 103 avec Roger Ranoux et Jean Vergnon à écouter dans les archives sonores (14 min 35 s).
La Libération de Périgueux puis de la Dordogne (émission de radio Périgueux 103)
Périgueux libéré : un film présenté par la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine (1 min 46 s).
Le retour de la République : premières mesures, premiers symboles
Des municipalités provisoires sont désignées afin d’assurer l’administration des communes avant le rétablissement des institutions.
Dès le 24 août 1944 le Comité communal de libération de Périgueux souhaite que la place du Maréchal Pétain soit nommée place de la Libération : une délibération du 9 novembre 1944 rend officielle cette nouvelle dénomination. Puis en novembre 1970 la place de la Libération devient la place Charles de Gaulle.
14 J 29
La libération de Bergerac
Les troupes allemandes quittent Bergerac, et dans la nuit du 20 au 21 août 1944 la Résistance entre dans la ville.
Un témoin de la libération de Bergerac, Jean Vergnon.
Jean Vergnon rejoint la Résistance à Bergerac en 1943. Engagé en qualité de personnel civil au commissariat de police, il produit de nombreux faux documents pour la Résistance ou pour le sauvetage d'israélites. En juin 1944 il entre dans le maquis commandé par Bergeret et participe à la libération de Bergerac.
Pour écouter le témoignage intégral de Jean Vergnon sur le site Mémoires de Résistances : Jean Vergnon – Résistance à Bergerac
L’épuration
Dès la Libération du département, un besoin de justice et d’épuration voit le jour.
Les femmes tondues à Bergerac.
Jean Vergnon, qui a rejoint la Résistance en 1943 et qui participe à la libération de Bergerac avec le maquis commandé par Bergeret, se souvient avec émotion de ces "règlements de compte".
Pour écouter le témoignage intégral de Jean Vergnon sur le site Mémoires de Résistances : Jean Vergnon – Résistance à Bergerac
Arrivée de femmes qui vont être tondues à Périgueux. 1 Num 08-12
La presse libérée
Les deux principaux quotidiens départementaux, L’Argus du Périgord et L’Avenir de la Dordogne cessent de paraître au mois d’août 1944. Ils sont remplacés par de nouveaux titres, dont La Dordogne Libre.
Le premier numéro de La Dordogne libre paraît le 7 septembre 1944. La fête de la Libération et de la proclamation de la République organisée la veille s’y trouve en bonne place. 380 PRE 1
Pour en savoir plus, consultez Histoire de la Dordogne libre, un dossier du service éducatif sur le site des Archives départementales de la Dordogne.