La contre-offensive allemande
La contre-offensive allemande
Le débarquement allié a donné le signal de l’insurrection en Dordogne : aussitôt l’armée allemande mène une contre-offensive.
Au mois de juin 1944 certaines zones du département sont sous le contrôle de la Résistance et les sabotages se multiplient. L’armée allemande riposte immédiatement avec la 11e division blindée en garnison à Castillon (groupes Wilde et Bode), le groupement Ottenbacher, mais aussi avec la division SS Das Reich et la Phalange nord-africaine, une police supplétive (Hilfspolizei). De nombreux combats sont engagés dans le département et nous ne pouvons en présenter ici qu’une part sommaire, cependant révélatrice de la violence de cette contre-offensive.
Les mesures allemandes
Le 10 juin 1940, les autorités militaires allemandes font paraître une ordonnance sur la sauvegarde de l’Armée allemande, visant à réprimer « les attentats » menés à son encontre. Puis à la fin du mois de juin un tract est lancé par des avions allemands pour inciter les Résistants à se rendre.
Le 1er juillet 1944 le préfet de la Dordogne adresse une circulaire aux maires afin d’en informer la population.
Le 8 juin dans le canton de Carlux
Le 8 juin, en fin de journée, un véhicule de la Résistance est surpris par une colonne motorisée allemande et quatre maquisards sont tués. Les communes de Carsac, Calviac, Carlux et Peyrillac subissent des représailles.
Les 9 et 18 juin au Fleix
Le 8 juin 1944 de nombreux jeunes gens affluent au Fleix pour rejoindre la Résistance. En fin d’après-midi trois chenillettes approchent du pont sur la Dordogne : pour empêcher leur passage un combat est engagé et trois hommes de la Résistance sont tués. Le lendemain, les blindés se présentent et le bourg est finalement pris. Le 18 juin des blindés progressent à nouveau dans la région mais sont retenus par des barrages. Des tirs atteignent des maisons du village et la plupart des habitants fuient. Le détachement allemand occupe le village jusqu’au lendemain.
Le 10 juin 1944 à Terrasson
Le 10 juin 1944, en fin de l’après-midi, un détachement de la division blindée SS Das Reich progresse vers Terrasson et se heurte à deux barrages dressés par la Résistance. Arrivés à Terrasson, des blindés ouvrent le feu sur des bâtiments, incendiant la mairie et le quartier environnant. Les habitants sont rassemblés sur une place où un maquisard blessé est pendu devant la population.
À Mussidan le 11 juin 1944
Aussitôt après l’attaque par la Résistance d’un train de protection en gare de Mussidan (voir l’exposition Le débarquement allié et l’insurrection ), le groupe de combat Wilde entre dans la ville et procède à une rafle. Tous les hommes de 16 à 60 ans sont regroupés devant la mairie : 48 sont fusillés le soir même. On compte au total 52 victimes civiles.
La place de la bascule où fut rassemblée la population de Terrasson. 60 FI 6220
Les 11, 18 et 21 juin à Mouleydier
Le 11 juin, face à des éléments d’une division blindée les Résistants se replient dans la région de Mouleydier. Un premier assaut est donné sur le village le 18 juin, mais c’est avec l’aide de renforts le 21 juin que les troupes allemandes investissent le village. Celui-ci est pillé, 170 maisons sont incendiées et 19 personnes fusillées.
Les autorités allemandes saisissent l’occasion pour diffuser des tracts de propagande qui justifient l’incendie du village par des tirs déclenchant l’explosion de munitions entreposées dans les maisons par la Résistance.
On note également dans l’un de ces tracts l’allusion à Katyn – lieu du massacre de milliers de militaires polonais en 1940 par les soviétiques – au sujet de civils à Bergerac. La police, qui a recueilli ces tracts à Périgueux le 14 août 1944, précise qu’il s’agit d’une photo prise en juin lors d’une cérémonie de la libération de Bergerac. Le 7 juin, Bergeret (Maurice Loupias, responsable de l’Armée secrète Dordogne-sud) avait en effet proclamé le retour de la République à Bergerac.
Un témoin de la bataille de Mouleydier : Jean Vergnon
Jean Vergnon rejoint la Résistance à Bergerac en 1943. Engagé en qualité de personnel civil au commissariat de police, il produit de nombreux faux documents pour la Résistance ou pour le sauvetage d'israélites et communique de nombreuses informations. En juin 1944 il entre dans le maquis commandé par Bergeret.
Écoutez le témoignage intégral de Jean Vergnon sur le site Mémoires de Résistances : Jean Vergnon – Résistance à Bergerac
Le 21 juin à Pressignac-Vicq
Les troupes allemandes qui ont forcé la défense organisée par la Résistance à Mouleydier se dirigent vers Pressignac-Vicq et engagent un combat avec les Forces françaises de l’intérieur (FFI). 27 résistants trouvent la mort et le bourg est incendié.
Le 22 juin dans la région de Vergt
À Vergt le 22 juin les troupes d’occupation et la Phalange nord-africaine tentent d’attaquer le groupe Mercédès de l’Armée secrète mais celui-ci a quitté les lieux. Le groupe Marianne (Armée secrète), cantonné à la Jaumarie est quant à lui pris d’assaut. À la fin de cette journée on dénombre six Résistants et deux civils tués.
Un témoin de l’attaque du groupe Marianne à Vergt : Robert Laporte
Robert Laporte entre dans la Résistance en 1943 en distribuant des journaux clandestins. Il refuse de se soumettre au Service du travail obligatoire (STO) et rejoint le groupe Marianne de l’Armée secrète dans la région de Vergt.
Écoutez le témoignage intégral de Robert Laporte sur le site Mémoires de Résistances : Robert Laporte – Le groupe AS Marianne et le 26e RI