Histoire de la Dordogne Libre
Le 3 octobre 1994, à l’occasion des 50 ans du quotidien périgourdin, Dordogne Libre, Richard Lavigne, rédacteur en chef et directeur de la publication à la DL, est reçu dans les studios de Radio Périgueux 103.
Durant 60 minutes, Richard Lavigne aborde la longue vie d’un journal, L’Avenir de la Dordogne, né à la fin du XIXème siècle. La fin de la Seconde Guerre mondiale marque la naissance de la Dordogne Libre. Richard Lavigne déroule un fil chronologique qui le mène à raconter la crise connue par ce quotidien dans les années 1980 avec le rachat du titre par Sud-Ouest jusqu’aux années 1990 marquées par de nouveaux objectifs (accentuer la professionnalisation du journal, en donner plus aux lecteurs…)
La préfecture de la Dordogne fait le recensement en décembre 1940 des titres paraissant dans le département. L’Avenir de la Dordogne y mentionné, premier quotidien départemental, le journal maintient ses parutions durant le conflit.
Pendant les années de guerre, L’Avenir de la Dordogne est un journal qui doit se soumettre au contrôle étroit des autorités de Vichy. En août 1944, L’Avenir de la Dordogne cesse sa parution ; il en est de même pour la plupart des titres considérés alors comme « collaborateurs » de l’Etat français.
Le 7 septembre 1944, La Dordogne Libre paraît ; le choix du titre n’est pas anodin : le contexte de la Libération sonne le retour de la liberté dans le département. L’imprimerie Joucla est mobilisée pour assurer les impressions. Une seule page recto-verso donne les informations essentielles.
Dans les archives publiques, une fiche de renseignements atteste de la reconstruction du quotidien. Le siège est maintenu au 19 de la rue Lafayette. Le rédacteur en chef est M. Goyard. L’Agence Havas est chargée de la publicité. Le tirage quotidien est de 75000 exemplaires. La ligne idéologique est celle des « Anciens » de la Résistance Modérée.
Pendant les premières années, la maquette de La Dordogne Libre varie souvent. Le format dépend du papier qui est livré mais aussi du nombre d’articles ou encore de la taille des annonces légales.
En 1946, La Dordogne Libre évolue encore ; le bandeau de « une » change. Il n’existe toujours de mise en page rigoureuse.
Le 12 août 1947, la Commission de la Carte d’identité des Journalistes Professionnels contacte le Préfet de la Dordogne afin de mieux cerner les entreprises de presse nées après la guerre. Elle dresse la liste des journaux dont elle peine à obtenir des informations sur leurs activités.
Pour La Dordogne Libre, la Commission de la Carte d’identité des Journalistes Professionnels mentionne deux rédacteurs présents et titulaires de la carte professionnelle.
Le 12 août 1947, dans sa demande adressée au Préfet, la Commission de la Carte d’identité des Journalistes Professionnels joint un exemplaire du Statut professionnel des journalistes. L’article 30 a) définit le métier de journaliste comme celui « qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée l’exercice de sa profession dans une publication quotidienne ou périodique […] ».
La Commission de la Carte d’identité des Journalistes Professionnels se montre extrêmement rigoureuse dans ses consignes. L’objectif, après les années noires de la Seconde Guerre mondiale, est la mise en place d’une nouvelle presse.
Le procès Zola, qui débute le 7 février 1898 et se clôture le 23 février 1898 par la condamnation de l’écrivain à un an de prison et 3000 francs d’amende, est abondamment interprété dans la presse départementale.
L’Eclaireur de Bergerac est une publication antidreyfusarde où se mêlent propos nationalistes et antisémites.
En février 1947, le Commissariat des Renseignements Généraux livre un rapport complet sur la presse en Dordogne. Un relevé précis de l’organisation de chaque entreprise de presse est établi.
Dans le rapport sur « la presse en Dordogne », l’activité de La Dordogne Libre est dressée avec précision. L’organisation du conseil d’administration est dressée ; le poids des anciens de la Résistance est ici prégnant.
Le rapport des Renseignements Généraux dresse le portrait des premiers membres du Conseil d’administration comme Jean Bayle et Eugène Hemmerlé alias « hachard »
Des lieutenants-colonels comme René Boilet (« pionnier de la Résistance AS en Dordogne) et Louis Maingasson siègent au conseil d’administration de la Dordogne Libre.
Jacques Méredieu, ancien résistant, figure lui aussi dans le conseil d’administration de la Dordogne Libre. Avec sa femme, il est élu au conseil municipal de Périgueux en mai 1945.
Ce rapport témoigne de la perméabilité qu’il existe à l’époque entre le renouveau de la presse et les idéaux de la Résistance.
Le rapport des Renseignements Généraux conclue en disant que La Dordogne Libre est « un quotidien peu important spécialisé dans les informations locales et les annonces légales ».
Les archives publiques nous permettent de cerner la construction du réseau de journalistes qui renaît en Dordogne dans l’après-guerre. Pour La Dordogne Libre apparaît le nom de Pierre Lavigne
A la demande du Ministère de l’Intérieur, le Préfet de la Dordogne fait une demande d’abonnement auprès de La Dordogne Libre. Dans un contexte d’après-guerre, cela témoigne de la volonté des autorités publiques de sonder l’opinion publique et de connaître le traitement des informations dans chaque département.
Les archives publiques nous donnent à voir la renaissance de la presse dans le département. Après 4 années de reconstruction, La Dordogne Libre est le premier quotidien département devant Les voies nouvelles.
Le 26 juillet 1946, l’entreprise Bruno Court, fabrique de matières premières pour l’industrie des parfums, adresse une demande au Préfet de la Dordogne. L’entreprise souhaite contacter les quotidiens du département pour la parution de publicités.
Pour répondre à la demande de l’entreprise Bruno Court, le Préfet transmet les coordonnées du premier quotidien départemental.
Durant les Trente Glorieuses, La Dordogne Libre poursuit sa construction et cherche sa véritable identité. Sa Une subit des retouches comme en 1953 où le bandeau est revu (la cathédrale Saint-Front y fait son apparition). Les rubriques s’étoffent.
Depuis les années 1950, La Dordogne Libre ne cesse de se moderniser comme en témoignent les techniques d’impression.