En marche pour la libération

En marche pour la libération

Si la contre-offensive allemande engagée un mois plus tôt contrarie les opérations de la Résistance, cette dernière n’en demeure pas moins très active en juillet 1944.

Les sabotages et les combats continuent alors que les premiers Comités de libération voient le jour et qu’une opération audacieuse est menée par la Résistance en gare de Neuvic-sur-l’Isle : un important transfert de fonds de la Banque de France y est réquisitionné. Dans cette période incertaine la propagande toujours active constitue plus que jamais un enjeu pour les deux camps.

Les sabotages se poursuivent

Malgré l’offensive allemande, la Résistance continue ses opérations de sabotage des voies ferrées et du réseau routier afin d’entraver les mouvements de l’armée allemande.

Ces télégrammes et notes annoncent à la préfecture des sabotages ferroviaires qui se succèdent : Milhac-d’Auberoche le 5 juillet, Limeyrat, Milhac-d’Auberoche et Thiviers le 6 juillet, Neuvic le 7 puis le 10 juillet, La Bachellerie le 13 juillet, Thenon les 16 et 19 juillet et Mussidan le 30 juillet.

On relève une activité particulièrement importante en quelques jours dans la région de Thenon, qui s’achève le 19 juillet par le lancement d’un train vidé de ses voyageurs sur des rails coupés. L’objectif est d’interdire durablement le passage des trains.

Sabotage du groupe Bugeaud (Armée secrète) au poste des Bigoussies sur la ligne de Périgueux à Montmoreau, le 27 juillet 1944. 14 J 12

La circulation routière est également très fortement entravée par les nombreuses destructions de ponts : le 21 juillet 1944 on compte 64 ouvrages d’art détruits ou endommagés.

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Rapport sur la situation générale dans la subdivision des Ponts-et-Chaussées de Bergerac au 15 juillet 1944. 1 W 1809

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Rapport des Ponts-et-Chaussées sur la situation en Dordogne au 21 juillet 1944. 1 W 1815 1 4
Rapport des Ponts-et-Chaussées sur la situation en Dordogne au 21 juillet 1944. 1 W 1815

L’ingénieur en chef signale par ailleurs la réfection du pont de Gardonne, exigée par les autorités allemandes sous la menace de l’incendie du village.

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À Coulaures, le 28 juin 1944, la Résistance sabote le pont sur l’Isle afin d’empêcher la circulation des troupes d’occupation qui se trouvent à proximité. Puis le 18 juillet un second pont sur l’Isle est endommagé (le pont de Glane).

Récit des événements survenus sous l’occupation à Coulaures, rédigé en septembre 1944. 1 W 1573

Un acteur du sabotage du pont de Coulaures : Christian Galtié

Christian Galtié est mobilisé en 1940 puis s’engage dans une unité du Génie où il est formé à l’utilisation d’explosifs. Mis en congé d’armistice en 1942, il reprend son activité professionnelle aux ateliers de la SNCF à Périgueux. Il participe activement au sabotage du matériel roulant mais il est confondu au printemps 1944 et rejoint un maquis de Dordogne.

Christian Galtié vers 1937. 1 num 08_02

Pour écouter le témoignage intégral de Christian Galtié sur le site Mémoires de Résistances : Christian Galtié – Résistance des cheminots

Les combats persistent

Les combats entre les troupes allemandes et la Résistance se poursuivent tout au long du mois de juillet 1944, alors que la Dordogne connaît quelques bombardements alliés. On note que les sources sur les batailles de juillet 1944 se font plus rares.

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Combats à Chantérac, Saint-Étienne-de-Puycorbier et Saint-Germain-du-Salembre

Le 27 juillet 1944 à la Martinière (commune de Chantérac) une section du groupe Paul-Henri de l’Armée secrète est encerclée par les troupes allemandes appuyées par la Phalange nord-africaine et la Milice. La section parvient à se dégager mais le groupe FTP François 1er de Saint-Étienne-de-Puycorbier appelé en renfort tombe dans une embuscade à Espinasse (Saint-Germain-du-Salembre). 29 résistants et 4 civils perdent la vie.

Rapport de gendarmerie au sujet de l’attaque du camp de la Martinière à Chantérac. 1 W 1901-2

Récit de l’assaut du camp de la Martinière puis du combat d’Espinasse par l’instituteur de Saint-Germain-du-Salembre, fin 1944. 1573 W 8 2 3
Récit de l’assaut du camp de la Martinière puis du combat d’Espinasse par l’instituteur de Saint-Germain-du-Salembre, fin 1944. 1573 W 8
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Des destructions par bombardement à Prigonrieux et Périgueux. 

Un pont de chemin de fer est détruit à Prigonrieux par un "avion de nationalité indéterminée". À Périgueux les ateliers SNCF sont visés par la Royal Air Force.

Rapports de gendarmerie sur les bombardements. 1 W 1810

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La propagande s’accentue

La Résistance et les autorités allemandes poursuivent la diffusion de tracts dans le département. L’occupant veut démoraliser la population et les maquis, alors que de son côté la Résistance soulève l’espoir d’une libération future.

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Depuis le débarquement du 6 juin les aviations alliées intensifient les bombardements des villes françaises. Dans ce tract (recto-verso) les autorités allemandes insistent sur les victimes civiles des bombardements afin de discréditer l’action des Alliés et insinuer le doute dans l’esprit des populations. 1 W 1803

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Dans ce tract découvert à Périgueux le 14 juillet 1944, les autorités allemandes font la propagande des armes nouvelles, les « météores-dynamite ». Il s’agit des fusées dites V1 (Vergeltungswaffen, armes de représailles) qui bombardent l’Angleterre en vue de renverser le cours de la guerre. Ce tract a pour but de répandre l’incertitude sur la réussite du débarquement et l’action de la Résistance. 1 W 1803

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Découvert le 12 août 1944 à Périgueux, ce tract fait référence à l’incendie d’un village (probablement Mouleydier) et fait de l’action de l’armée allemande une œuvre bienfaitrice. 1 W 1803

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Tracts antigaullistes. Distribué par les autorités allemandes à Périgueux le 24 juillet 1944, un tract présente le billet de banque produit par les Alliés dans le cadre de l’Allied military governement of occupied territories (AMGOT), le gouvernement militaire allié des pays occupés. Cette entreprise alliée ne voit cependant pas le jour en France, face à la fermeté du Gouvernement provisoire de la République française. Ces billets n’ont donc pas été très utilisés. Le même jour, un faux tract du Gouvernement provisoire de la République française est également distribué. 1 W 1803

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La voix de la libération, tract de la Résistance découvert le 5 juillet 1944 à Périgueux. Il présente la création des Comités de libération nationale, « organisations provisoires chargées d’assurer la vie jusqu’à la victoire prochaine ». Ce document, daté du 24 juin, livre notamment des informations sur l’ouverture d’un front à l’est par les soviétiques, l’avancée des troupes alliées en Normandie, le rôle des Forces françaises libres et la libération de patriotes dont ceux emprisonnés à Nontron. 1 W 1803

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La création des Comités de libération

Les Comités départementaux de libération (CDL) sont créés par l’ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement provisoire de la République française portant organisation des pouvoirs publics en France lors de la Libération. Avec l’aide de comités locaux ils assurent l’administration civile avant le rétablissement des institutions.

Instructions pour la formation de Comités cantonaux et communaux de libération. 14 J 29

Instructions aux Comités départementaux de libération (CDL) pour la formation de municipalités provisoires. 14 J 29

Le 28 juillet 1944, avant même que le département soit libéré, Maxime Roux, le préfet nommé par la Résistance, adresse une circulaire aux présidents des Comités cantonaux et municipaux pour la désignation des municipalités. 14 J 29

Annonce de la dissolution de la délégation municipale de Montignac et de son remplacement par un Comité de libération, en attendant l’organisation d’élections (sans date). 1 W 1803


L’attaque du train de Neuvic : 2 milliards 280 millions de francs saisis par la Résistance

Le 26 juillet 1944 la Résistance intercepte un transfert de fonds de la Banque de France en gare de Neuvic-sur-l’Isle : 2 milliards 280 millions de francs répartis dans 150 sacs transportés par voie ferrée de la succursale de la Banque de France de Périgueux vers celle de Bordeaux sont réquisitionnés.

La gare de Neuvic-sur-l'Isle. 60 Fi 10048

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Rapport du 27 juillet 1944 des inspecteurs de police chargés de convoyer le transfert de numéraire de la Banque de France. 1 W 1786

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Télégramme du chef de gare de Neuvic au préfet de la Dordogne l’informant de la réquisition des sacs de la Banque de France. 1 W 1786

Rapport du chef de gare de Neuvic au sujet de l’opération de saisie menée par la Résistance. 1 W 1786

Un témoin de l’organisation de l’attaque du train de la Banque de France : Jean-Paul Seret-Mangold

Jean-Paul Seret-Mangold, natif de Strasbourg, arrive en Dordogne en 1940 à l’âge de seize ans. Son père, Charles Mangold (dit Vernois), était l’un des responsables de l’Armée secrète en Dordogne. Agent de liaison au sein des groupes Roland et Ancel, Jean-Paul Seret-Mangold a longtemps ignoré l’engagement de son père, avant de travailler à ses côtés pour la Résistance. Le 26 juillet 1944, il est mobilisé pour guider les camions qui emportent le butin de l’attaque du train de la Banque de France.

Pour écouter le témoignage intégral de Jean-Paul Seret-Mangold sur le site Mémoires de Résistances : Jean-Paul Seret-Mangold – Brigade Alsace-Lorraine
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