L’aide alliée : une opération Jedburgh en Dordogne

L’aide alliée : une opération Jedburgh en Dordogne

Dans la nuit du 10 juin 1944 un commando Jedburgh (la mission Ammonia) est parachuté à Sainte-Nathalène.

Les missions Jedburgh (probablement du nom d’une ville écossaise) sont constituées par le Special operations executive (SOE), service secret d’action fondé en 1940 par Winston Churchill. Ce service britannique a pour vocation de développer des opérations subversives dans les territoires occupés d’Europe, et dispose déjà de réseaux sur le territoire français (réseaux Author et Digger pour la Dordogne). Les équipes Jedburgh, parachutées après le débarquement, comptent au moins un homme parlant la langue du pays concerné par la mission afin de faciliter la communication.

Les missions Jedburgh parachutées en France

Imaginées dès 1942 par le SOE (Special operations executive), les missions Jedburgh sont parachutées derrière les lignes ennemies. Elles ont pour objectif de coordonner les actions militaires avec la Résistance après le débarquement, entre juin et septembre 1944. Des équipes sont également parachutées en Belgique et Hollande.

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Dans cet agrandissement de la carte, on note l’équipe Ammonia au 10 juin 1944 en Dordogne.

Compte rendu de la mission Ammonia

Pour connaître l’organisation et le bilan de la mission Jedburgh Ammonia, il faut se tourner vers les archives britanniques. Dans les années 1960 les correspondants du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale recueillent des renseignements et obtiennent des copies de documents provenant des archives britanniques du service liquidateur du SOE. Ces copies, ainsi que l’ensemble des travaux des correspondants périgourdins, sont déposées aux Archives départementales de la Dordogne depuis 1970. Elles nous permettent aujourd’hui de disposer d’informations sur la mission Ammonia.

Extrait du compte rendu de la mission Ammonia. 14 J 4
Extrait du compte rendu de la mission Ammonia. 14 J 4

Un témoin du parachutage : Roland Thouron

Dès 1942 Roland Thouron participe avec son père à l'organisation de mouvements de Résistance dans la région de Veyrignac, ainsi qu’à la réception d’un parachutage de matériel en 1943. Après le débarquement des Alliés le 6 juin 1944, il s'engage dans le groupe Bernard de l'Armée secrète (AS) et fait partie du comité de réception de l’équipe Jedburgh à Sainte-Nathalène.

Roland Thouron en 2010 sur les lieux de son maquis en forêt de Veyrignac (photo : Frédérique Bretin).
Roland Thouron en 2010 sur les lieux de son maquis en forêt de Veyrignac (photo : Frédérique Bretin).


Pour en savoir plus, vous pouvez écouter le témoignage intégral de Roland Thouron sur le site Mémoires de Résistances : Roland Thouron : Résistance en Sarladais 

L’attaque du poste de commandement

Le château de Veyrignac, poste de commandement de la mission Ammonia, est incendié le 7 juillet 1944. Deux procès-verbaux de gendarmerie dressés, l’un à l’automne 1944, l’autre au printemps 1947, livrent des précisions sur les faits et sur l’équipe Jedburgh. Dans le second document on note le témoignage de Lucien Badaroux, chef du groupe Alberte de l’Armée secrète en Sarladais. On y relève une erreur quant à la date de l’incendie du château.

Destruction d’un pont

Dans le compte rendu de la mission évoqué plus haut, est mentionnée la destruction d’un pont près de Veyrignac, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude de quel ouvrage d’art il s’agit. Le rapport du commandant de la section de gendarmerie de Sarlat en date du 8 août 1944 sur les ponts sabotés fournit quelques indications (document présenté dans le volet « Le débarquement allié et l’insurrection »).

Dans ce rapport au sous-préfet de Sarlat, on évoque 4 ouvrages d’art sabotés dans la région lors de la présence de la mission Ammonia : serait-ce le pont métallique qui franchit la route nationale 703 à proximité de la gare de Vézac saboté courant juin 1944 ? S’agit-il du pont de Castelnaud-Fayrac détruit le 24 juin ? Est-ce le pont du Garrit sur la Dordogne près de Saint-Cyprien saboté dans la nuit du 24 au 25 juin ? Ou serait-ce enfin le ponceau de la Chapelle-Mareuil à Saint-Julien-de-Lampon détruit le 25 juin 1944 ?

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