Un enseignement secondaire pour les filles

Un enseignement secondaire pour les filles

J’allais me séparer des jeunes filles qui considéraient leurs études comme terminées et ne songeaient plus qu’à se marier pour connaître enfin, avec le consentement de la société, des plaisirs jusqu’alors défendus par elle. Ma vie s’orientait vers le travail et la liberté. Choisir. Ne pas être choisie ! C’était bien cela ce que je voulais. Si tel était l’enjeu, j’étais prête à des années de labeur […].

Louise Weiss, Une petite fille du siècle, Albin Michel, 1963.

L’enseignement secondaire n’est pas oublié par les grandes lois scolaires de la IIIe République. La loi Camille Sée (1880) permet ainsi aux filles d’accéder à un enseignement secondaire laïque et gratuit. Les premiers programmes et les horaires spécifiques (seulement 20 heures) dessinent les contours d’un enseignement féminin à forte dominante littéraire et linguistique sanctionné par un diplôme de fin d’études secondaires. Les deux premières décennies du XXe siècle marquent une nouvelle avancée : les filles peuvent passer le baccalauréat et l’enseignement secondaire féminin est assimilé à l’enseignement masculin en 1924.

Périgueux, l'école normale d'institutrice, carte postale. 8 Fi 45_02 1 3
Périgueux, l'école normale d'institutrice, carte postale. 8 Fi 45_02
Collège de jeunes filles, Périgueux, 1910-1911. 2130 W 1 2 3
Collège de jeunes filles, Périgueux, 1910-1911. 2130 W 1
Collège de jeunes filles, Périgueux, 1926-1927. 2130 W 1 3 3
Collège de jeunes filles, Périgueux, 1926-1927. 2130 W 1

Projet de traité constitutif du collège communal de jeunes filles de la ville de Périgueux, 1906 (1 T 215)

Des parcours scolaires plus longs

À Périgueux, les cours secondaires de jeunes filles, créés en 1879 par une association de professeurs du lycée de garçons puis soutenus par la ville, sont transformés en collège communal en 1906 puis en lycée en 1937 après des travaux d’agrandissement de 1931 à 1933. Le lycée accueille alors les filles depuis le jardin d’enfants (à partir de 3 ans) jusqu’à l’enseignement secondaire, « comme dans les lycées de garçons », de la 6e à la classe de philosophie, sanctionné par le baccalauréat en deux parties. Il prépare également aux diplômes secondaires féminins, principalement orientés vers la profession d’institutrice.

Plaquette de présentation du lycée de jeunes filles de la ville de Périgueux, 1938 Les jeunes lycéennes, qui ont acquitté des frais scolaires, peuvent jouir « d’une installation aussi confortable qu’agréable ». 4 T 336
Plaquette de présentation du lycée de jeunes filles de la ville de Périgueux, 1938 Les jeunes lycéennes, qui ont acquitté des frais scolaires, peuvent jouir « d’une installation aussi confortable qu’agréable ». 4 T 336

Après 1945, l’enseignement secondaire est profondément transformé : la scolarisation obligatoire passe de 12 à 16 ans en 1967, l’examen d’entrée en sixième est supprimé dès 1957 et les filières sont unifiées : création des CEG (collèges d’enseignement général) en 1960 puis des CES (collèges d’enseignement secondaire) en 1963 et collège unique de la loi Haby en 1975. Ces avancées permettent aux jeunes filles d’accéder plus facilement et en nombre à l’enseignement supérieur

Les premiers collèges

Les Trente Glorieuses (1945-1975) sont en Dordogne une période de construction de nouveaux établissements. Le CES de Mussidan est approuvé par l’état le 10 juin 1965 et doit accueillir 600 élèves (filles et garçons).

Projet de construction d’un CES à Mussidan : dessin de la façade, 1971 (1003 W 126) 1 2
Projet de construction d’un CES à Mussidan : dessin de la façade, 1971 (1003 W 126)
Projet de construction d’un CES à Mussidan : plan de masse, 1971 (1003 W 126) 2 2
Projet de construction d’un CES à Mussidan : plan de masse, 1971 (1003 W 126)

La conquête du supérieur

Entre 1945 et 1975, les filles ont rattrapé et dépassé les garçons, et, en 1971, elles sont même plus nombreuses qu’eux dans le supérieur. « Madame Sud-Ouest » s’interroge en 1967 sur « ces milliers de filles de 17, 18 ou 19 ans qui quittent pour la première fois papa-maman pour aller mener la vie d’étudiante dans une grande ville ».

Rentrée des classes au lycée de jeunes filles à Périgueux, 1957 (17 Fi 191)
Rentrée des classes au lycée de jeunes filles à Périgueux, 1957 (17 Fi 191)

Fiche d’élève de Martine Fargues, CES de Beaumont-du-Périgord. 1963-1967 (2088 W 1)

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