L'enseignement primaire pour les filles

L'enseignement primaire pour les filles

« La femme n’est impuissante que parce qu’elle est ignorante. Elle n’agit pas par elle-même, parce qu’elle ne peut pas, mais bien parce qu’elle ne sait pas comment agir. Qu’on l’instruise ! elle saura et elle agira. Et l’épouse ne se laissera plus crédulement prendre aux mensonges d’un époux ambitieux, imprudent ; elle n’apposera plus sa signature au bas d’un papier qu’elle ne lit pas, parce qu’elle croit ne pouvoir en comprendre le sens. »

Marie Pauline, « Nos raisons », La voix des femmes, 14 avril 1848.

En 1879, alors que 76% des garçons fréquentent une école publique laïque, 56% des filles sont inscrites dans des écoles tenues par des congréganistes. La toute jeune IIIe République et son ministre de l’Instruction publique, Jules Ferry, ne peuvent s’en satisfaire.


Les grandes lois républicaines

Entre 1879 et 1882, l’instruction des filles devient gratuite, obligatoire et laïque, entraînant la construction de nombreuses écoles, comme à Nontron, où la création de l’école est actée le 19 février 1883. Sa construction demande un très important effort budgétaire de la part de l’État et de la commune.

Décret du Président de la République, Jules Grévy, du 19 février 1883. 10 O 309 1 2
Décret du Président de la République, Jules Grévy, du 19 février 1883. 10 O 309
Décret du Président de la République, Jules Grévy, du 19 février 1883. 10 O 309 2 2
Décret du Président de la République, Jules Grévy, du 19 février 1883. 10 O 309

Projet de maison d’école de filles de Nontron, 20 novembre 1879. 10 O 309
Projet de maison d’école de filles de Nontron, 20 novembre 1879. 10 O 309

De premiers rythmes scolaires laborieux

La volonté républicaine d’instruction des filles est cependant mise à l’épreuve par les réalités quotidiennes d’un département rural. Au mois de décembre 1882, l’institutrice de Beleymas constate l’absentéisme de certaines de ses élèves, telle Louisa Jubel « occupée par sa famille » sur plus de la moitié du temps scolaire.

Registre d’appel journalier de l’école publique des filles de Beleymas pour le mois de décembre 1882. 4 T 24 1 3
Registre d’appel journalier de l’école publique des filles de Beleymas pour le mois de décembre 1882. 4 T 24
Travaux manuels dans les écoles de filles, extrait du Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l’inspecteur primaire, 1894. E Dep 6486 2 3
Travaux manuels dans les écoles de filles, extrait du Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l’inspecteur primaire, 1894. E Dep 6486
Travaux manuels dans les écoles de filles, extrait du Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l’inspecteur primaire, 1894. E Dep 6486 3 3
Travaux manuels dans les écoles de filles, extrait du Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l’inspecteur primaire, 1894. E Dep 6486

Si les enseignements fondamentaux sont les mêmes que pour les garçons, les travaux manuels pour les filles doivent préparer de bonnes ménagères et de bonnes ouvrières : couture ou enseignement ménager restent la norme.

Le certificat d’études

L’obtention du certificat d’études, instauré en 1882, auquel peuvent se présenter les enfants dès l’âge de 11 ans, récompense l’assiduité scolaire et l’obtention d’un bagage de connaissances reconnu. L’institutrice de Coulounieix, Ida Masset, raconte la journée spéciale que constitue le passage de cet examen.

« Une journée d’examen au certificat d’études », 17 juillet 1906, dans « Une école rurale en Périgord », 1934

(ms. 180, t. 2, p. 231-232)


Certificat d’études primaires de Marie Subrenat, 27 juillet 1901 (J 2653)

Dans la plupart des communes de Dordogne, les nouvelles écoles de filles sont proches de celles des garçons car, si la IIIe République promeut l’égalité de l’instruction pour les sexes, les locaux doivent être distincts. Ce principe est souvent battu en brèche : quand les effectifs sont réduits, les écoles géminées accueillent filles et garçons dans la même classe. L’introduction de la mixité se fait petit à petit par nécessité économique ou par réalisme territorial.

Sur le terrain, filles et garçons en classe

Dans les premières décennies du XXe siècle, la mixité apparaît dans de nombreuses écoles du département. Dans l’arrondissement de Sarlat, le village de La Canéda dispose d’une école géminée dont les locaux sont en bon état mais où le matériel pour les travaux manuels et l’enseignement ménager manque aux enfants.

Bulletin d’inspection des locaux scolaires, école publique géminée de La Caneda, 25 janvier 1943 (107 W 3)
Bulletin d’inspection des locaux scolaires, école publique géminée de La Caneda, 25 janvier 1943 (107 W 3)
Bulletin d’inspection des locaux scolaires, école publique géminée de La Caneda, 25 janvier 1943 (107 W 3)
Bulletin d’inspection des locaux scolaires, école publique géminée de La Caneda, 25 janvier 1943 (107 W 3)

L’école prototype à classe unique de Peyzac-le-Moustier, 1950 (107 W 11)
L’école prototype à classe unique de Peyzac-le-Moustier, 1950 (107 W 11)
Financement des constructions scolaires du 1er degré, novembre 1969 (1 W 3195)
Financement des constructions scolaires du 1er degré, novembre 1969 (1 W 3195)

À partir des Trente glorieuses

Les années 1950 et le baby-boom entraînent, pour répondre aux besoins d’une population scolaire croissante, la construction de nouvelles écoles, mixtes en grande majorité.



Vous pouvez également regarder le croque archives numérique : L'école publique : un exemple dans les archives communales

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