L'Ancien Régime scolaire
L'Ancien Régime scolaire
« […] Françaises, […] brisons nos fers ; il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité, où l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps. […] ».
Théroigne de Méricourt, discours à la Société fraternelle des Minimes, 25 mars 1792.
Durant les trois quarts du XIXe siècle, faute d’enseignement public, les filles sont le plus souvent éduquées dans des établissements tenus par des congrégations féminines, qui mettent en œuvre les préceptes religieux dans l’éducation. Les filles doivent, avant tout, se préparer à devenir épouses et mères et à tenir leur maison.
Le poids des congrégations
Solidement implantée dans le département, la congrégation des Ursulines travaille à l’éducation des jeunes filles. Dès 1817, elle entreprend d’acquérir une partie de l’ancien couvent des Jacobins de Périgueux pour « se livrer à l’éducation des jeunes filles de la classe indigente ». L’année suivante, elles ouvrent un internat et un externat. Au moment de la séparation de l’Église et de l’État, les religieuses, nouvellement sécularisées, fondent un nouvel établissement, le pensionnat Jeanne d’Arc.
Les timides incursions de la puissance publique
Avant même les lois Jules Ferry, l’alphabétisation et la scolarisation des filles progressent lentement mais sûrement en France. Les lois Guizot (1833), Falloux (1850) et Duruy (1867) posent les premières bases d’un enseignement d’État et les communes se dotent peu à peu d’une école de filles. En 1875, il y a presque autant de filles scolarisées que de garçons. Mais ces écoles de filles ne sont souvent ni laïques, ni gratuites et encore moins obligatoires…
Les archives publiques témoignent de la lente entrée des filles dans le temps scolaire. En 1864, elles sont 17.066 à être scolarisées contre 15.022 en 1861. L’inspecteur d’académie se félicite de l’augmentation de la population scolaire et relève particulièrement « le mouvement ascensionnel » qui touche le public féminin.
Une éducation pratique, morale et religieuse
Dans les écoles, outre les disciplines fondamentales (lire, écrire, compter), les filles reçoivent un enseignement pratique. Les travaux manuels comme le tricot ou la couture rythment le temps scolaire. L’éducation morale et religieuse doit permettre à ces futures mères de famille d’acquérir un « jugement sain ».
A Champagne-et-Fontaines, en 1869, l’existence d’une école libre de filles dispense la municipalité de créer une école publique. Toutefois, les religieuses perçoivent une indemnité pour l’accueil de jeunes filles indigentes.