Ancien Régime, les femmes dans l'espace public
Les femmes dans l'espace public
"Je ne soutiens pas qu’elles soient toutes capables des sciences et des emplois, ni que chacune le soit de tous : personne ne le prétend non plus des hommes ; mais je demande seulement qu’à prendre les deux sexes en général, on reconnaisse dans l’un autant de disposition que dans l’autre"
Poullain de la Barre, De l’égalité des deux sexes
Sous l’Ancien Régime, les femmes ne sont pas absentes de l’espace public. Elles occupent une place fondamentale dans le travail et la vie économique, même si leur identité sociale tient plus à leur statut familial qu’à leur activité professionnelle.
À la campagne
Partageant les tâches et les espaces agricoles avec les hommes, les femmes élèvent la volaille, cultivent le potager familial, assurent une activité artisanale à domicile (filage), se louent comme nourrices à domicile. Olivier de Serres dans son Théâtre d’agriculture, souligne la nécessité pour le paysan d’être bien marié.
Les femmes de la noblesse sont souvent des femmes de tête et de bonnes gestionnaires, notamment quand, veuves, elles doivent assurer le bon « ménage » de leurs affaires et de celles de leurs enfants.
À la ville
On rencontre des femmes négociantes, marchandes, maîtresses de poste..., épouses ou veuves. Dans la plupart des corporations, les veuves non remariées peuvent succéder à leur mari. Les femmes tiennent également leur place à l’atelier et à la boutique, où elles rédigent et signent les factures ou accomplissent leur travail à domicile : couture, entretien du linge, reliure, arts décoratifs. Les marchandes des rues (fripières, regrattières) sont également bien visibles dans l’espace urbain.
Vie sociale
Les femmes participent aux veillées, aux fêtes, aux processions. La fréquentation de l’église le dimanche est source également de sociabilité et de bavardages. Cependant, la relative liberté dont jouissent de fait les femmes les expose également aux violences, notamment dans les chemins et espaces ruraux : rapts, viols et voies de fait sont fréquents.
Les mendiantes, sans domicile fixe, sont victimes de la répression à l’encontre des mendiants et vagabonds, renforcée à partir de 1764.
Défense de la communauté
Les femmes sont fréquemment le déclencheur des émeutes, notamment frumentaires. Elles relayent les rumeurs et se mobilisent rapidement aux côtés des hommes. La présence de femmes dans les bandes de voleurs de grand chemin est également attestée.
Femmes de pouvoir
Les femmes, à de rares exceptions, toujours dans l’aristocratie, n’ont que peu d’influence politique reconnue. Néanmoins, lorsque les circonstances l’exigent, notamment en l’absence de leur mari, elles n’hésitent pas à se mettre sur le devant de la scène, voire à prendre les armes en période troublée. Les femmes et filles peuvent également être utilisées comme moyen de pression à l’encontre de leur famille, notamment à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, dans le cas où le pouvoir suspecte la réalité de la conversion au catholicisme.
« laquelle s’en va à Perigueux avec ses serviteurs tant à l’aller que au revenir »
Reléguées au couvent des Filles de la Foi de Beaumont, les filles de Gabriel de Madaillan sont autorisées à regagner leur famille durant deux mois pour raison de santé.
« pour la parfaite et entière confiance que nous avons de sa loyauté expérience et bonne diligence ».