Ancien Régime, les femmes dans l'espace public

Les femmes dans l'espace public

"Je ne soutiens pas qu’elles soient toutes capables des sciences et des emplois, ni que chacune le soit de tous : personne ne le prétend non plus des hommes ; mais je demande seulement qu’à prendre les deux sexes en général, on reconnaisse dans l’un autant de disposition que dans l’autre"

Poullain de la Barre, De l’égalité des deux sexes

Sous l’Ancien Régime, les femmes ne sont pas absentes de l’espace public. Elles occupent une place fondamentale dans le travail et la vie économique, même si leur identité sociale tient plus à leur statut familial qu’à leur activité professionnelle.


À la campagne

Partageant les tâches et les espaces agricoles avec les hommes, les femmes élèvent la volaille, cultivent le potager familial, assurent une activité artisanale à domicile (filage), se louent comme nourrices à domicile. Olivier de Serres dans son Théâtre d’agriculture, souligne la nécessité pour le paysan d’être bien marié.

Les femmes de la noblesse sont souvent des femmes de tête et de bonnes gestionnaires, notamment quand, veuves, elles doivent assurer le bon « ménage » de leurs affaires et de celles de leurs enfants.

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Rôle de taille de Cours-de-Piles pour 1717.

On note la mention des demoiselles de la Palisse, probablement des filles célibataires indépendantes, de Marie Simounet et de Madame d’Auroux parmi les imposés. 4 E 38 3 et 4

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Lettre de Marguerite des Bories du 6 septembre 1595 à son receveur lui donnant des instructions pour ses affaires ainsi que des nouvelles du soulèvement des Croquants (1594-1595). 2 E 1834/40 pièce 44

À la ville

On rencontre des femmes négociantes, marchandes, maîtresses de poste..., épouses ou veuves. Dans la plupart des corporations, les veuves non remariées peuvent succéder à leur mari. Les femmes tiennent également leur place à l’atelier et à la boutique, où elles rédigent et signent les factures ou accomplissent leur travail à domicile : couture, entretien du linge, reliure, arts décoratifs. Les marchandes des rues (fripières, regrattières) sont également bien visibles dans l’espace urbain.

Supplique de Françoise de Gai du Planège, veuve de Pierre Dalvy contre les colporteurs qui font commerce de livres, 1775. 2 J 241 1 2
Supplique de Françoise de Gai du Planège, veuve de Pierre Dalvy contre les colporteurs qui font commerce de livres, 1775. 2 J 241

Il est à noter que la veuve Dalvy « déclare ne savoir signer »…

Facture de la manufacture de faïences de la veuve Bonnet à Bergerac, 1781. 8 J 32 2 2
Facture de la manufacture de faïences de la veuve Bonnet à Bergerac, 1781. 8 J 32

Vie sociale

Les femmes participent aux veillées, aux fêtes, aux processions. La fréquentation de l’église le dimanche est source également de sociabilité et de bavardages. Cependant, la relative liberté dont jouissent de fait les femmes les expose également aux violences, notamment dans les chemins et espaces ruraux : rapts, viols et voies de fait sont fréquents.

Les mendiantes, sans domicile fixe, sont victimes de la répression à l’encontre des mendiants et vagabonds, renforcée à partir de 1764.

Jugement de Catherine Lescauzet, 1769. B 646 pièce 55
Jugement de Catherine Lescauzet, 1769. B 646 pièce 55

Menant une vie errante et vagabonde, travestie en homme, elle a été condamnée à trois ans d’enfermement.

Défense de la communauté

Les femmes sont fréquemment le déclencheur des émeutes, notamment frumentaires. Elles relayent les rumeurs et se mobilisent rapidement aux côtés des hommes. La présence de femmes dans les bandes de voleurs de grand chemin est également attestée.

A Ribérac en 1739, un soulèvement populaire dirigé contre des marchands venus acheter des grains implique entre autres participants plusieurs femmes. B 437, pièce 138
A Ribérac en 1739, un soulèvement populaire dirigé contre des marchands venus acheter des grains implique entre autres participants plusieurs femmes. B 437, pièce 138

Jeanne Dubreuil et Marguerite Ladoire sont condamnées à un an de bannissement de la sénéchaussée de Périgueux.

Femmes de pouvoir

Les femmes, à de rares exceptions, toujours dans l’aristocratie, n’ont que peu d’influence politique reconnue. Néanmoins, lorsque les circonstances l’exigent, notamment en l’absence de leur mari, elles n’hésitent pas à se mettre sur le devant de la scène, voire à prendre les armes en période troublée. Les femmes et filles peuvent également être utilisées comme moyen de pression à l’encontre de leur famille, notamment à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, dans le cas où le pouvoir suspecte la réalité de la conversion au catholicisme.

Laissez-passer d’André de Bourdeilles, sénéchal du Périgord du 7 septembre 1577 à Marguerite de la Rebuterie, veuve. 2 E 1850/38-4 1 3
Laissez-passer d’André de Bourdeilles, sénéchal du Périgord du 7 septembre 1577 à Marguerite de la Rebuterie, veuve. 2 E 1850/38-4

 « laquelle s’en va à Perigueux avec ses serviteurs tant à l’aller que au revenir » 

Lettre du roi du 23 août 1751. 62 J 63 2 3
Lettre du roi du 23 août 1751. 62 J 63

Reléguées au couvent des Filles de la Foi de Beaumont, les filles de Gabriel de Madaillan sont autorisées à regagner leur famille durant deux mois pour raison de santé.

Catherine de Médicis nomme Jacquette de Monbrun « l’une de ses dames ordinaires », le 21 novembre 1587. J 1415 3 3
Catherine de Médicis nomme Jacquette de Monbrun « l’une de ses dames ordinaires », le 21 novembre 1587. J 1415

« pour la parfaite et entière confiance que nous avons de sa loyauté expérience et bonne diligence ».

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