Les mutations du XVIIIe siècle

Les mutations du XVIIIe siècle

« Je demande aux hommes de la part de tout le sexe : que voulez-vous de nous ? Vous souhaitez tous de vous unir à des personnes estimables, d’un esprit aimable et d’un cœur droit. Permettez-leur donc l’usage des choses qui perfectionnent la raison »

Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert, 1727

Les mutations de la société française à partir de 1750, affirmation de l’individu et de l’idée de bonheur, progression de l’instruction, sécularisation des comportements ne sont pas sans incidence sur les relations entre hommes et femmes. Les femmes n’ont pas été étrangères aux Lumières, mais, malgré un certain nombre de progrès, leur place y est restée secondaire.


Des capacités intellectuelles niées

Au XVIIIe siècle, le nombre de femmes instruites est en augmentation dans les classes aisées. Si certains auteurs promeuvent l’éducation des femmes, c’est le plus souvent pour améliorer leurs capacités à être épouse et mère. Les "femmes auteurs", les mystiques, les artistes sont au mieux tolérées, le plus souvent regardées avec suspicion ou mépris, voire accusées d’amollir la société.

Lettres de Mlle de Lussan à Baudot de Jully, 17 janvier 1756. 74 J 78 1 3
Lettres de Mlle de Lussan à Baudot de Jully, 17 janvier 1756. 74 J 78
Lettres de Mlle de Lussan à Baudot de Jully, 17 janvier 1756. 74 J 78 2 3
Lettres de Mlle de Lussan à Baudot de Jully, 17 janvier 1756. 74 J 78
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Lettres de Mlle de Lussan à Baudot de Jully, 17 janvier 1756. 74 J 78

Une famille, par Gabriel de Saint-Aubin. (Musée Carnavalet, Paris)

A la différence de Charlotte-Rose de Caumont de la Force, issue d’une famille aristocratique, auteur de romans galants et de contes de fées, Marguerite de Lussan, dont l’origine est obscure, véritable artisane de l’écriture et de l’édition, se voit dénier la capacité d’écrire les ouvrages abondants, longs et documentés qu’elle publie sous son nom entre 1723 et 1757, avec le soutien de protecteurs haut placés comme la marquise de Pompadour.

Portrait de Mlle de Lussan (BIB C 478)

Une nouvelle image du couple

Le couple est plus souvent perçu comme lieu d’harmonie et d’épanouissement personnel, fondé sur l’affection mais aussi sur l’estime et l’accord des caractères. Il reste cependant dominé et commandé par l’homme. L’image du bonheur conjugal et familial se développe, favorisée par l’inégal développement de la régulation des naissances et l’amélioration de la santé maternelle et infantile. A la fin du siècle, le modèle de la femme au foyer s’affirme dans la bourgeoisie, idéal qui triomphe sous la Révolution. L’essor des relations hors mariage entraîne plaintes pour subornation et recherche de paternité, afin d’obtenir des pères une aide financière.

Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier. 1 12
Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier.

Cette lettre cherche à lui montrer les avantages du mariage de raison qu’on lui propose, 2 février 1777. « Où trouveras-tu une demoiselle de bonne maison qui te portera huit mille livres de rentes ? ». Malgré ses premières réticences, Pierre de Saint-Astier épouse le 13 décembre 1777 la jeune fille dont il est question, « pas jolie … mais d’un caractère doux et gai ». E 1834/39-33

Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier. 2 12
Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier.

Cette lettre cherche à lui montrer les avantages du mariage de raison qu’on lui propose, 2 février 1777. « Où trouveras-tu une demoiselle de bonne maison qui te portera huit mille livres de rentes ? ». Malgré ses première réticences, Pierre de Saint-Astier épouse le 13 décembre 1777 la jeune fille dont il est question, « pas jolie … mais d’un caractère doux et gai ». 2 E 1834/39-33

Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier. 3 12
Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier.

Cette lettre cherche à lui montrer les avantages du mariage de raison qu’on lui propose, 2 février 1777. « Où trouveras-tu une demoiselle de bonne maison qui te portera huit mille livres de rentes ? ». Malgré ses première réticences, Pierre de Saint-Astier épouse le 13 décembre 1777 la jeune fille dont il est question, « pas jolie … mais d’un caractère doux et gai ». 2 E 1834/39-33

Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier. 4 12
Lettre d’un parent à Pierre-Astier de Saint-Astier.

Cette lettre cherche à lui montrer les avantages du mariage de raison qu’on lui propose, 2 février 1777. « Où trouveras-tu une demoiselle de bonne maison qui te portera huit mille livres de rentes ? ». Malgré ses première réticences, Pierre de Saint-Astier épouse le 13 décembre 1777 la jeune fille dont il est question, « pas jolie … mais d’un caractère doux et gai ». 2 E 1834/39-33

Requête de Marie Seyrat au juge ordinaire de Neuvic. 5 12
Requête de Marie Seyrat au juge ordinaire de Neuvic.

Requête de Marie Seyrat au juge ordinaire de Neuvic, pour être reçue maîtresse accoucheuse, « de façon à tirer de danger les femmes… enseintes et en travail d’enfant », 1772. 2 B 254

Requête de Jeanne de Lespinasse. 6 12
Requête de Jeanne de Lespinasse.

Requête de Jeanne de Lespinasse, enceinte, pour faire contraindre Ramus Eyma à subvenir aux frais de ses couches, 1772. 2 B 254

Requête de Jeanne de Lespinasse. 7 12
Requête de Jeanne de Lespinasse.

Requête de Jeanne de Lespinasse, enceinte, pour faire contraindre Ramus Eyma à subvenir aux frais de ses couches, 1772. 2 B 254

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Requête de Jeanne de Lespinasse.

Requête de Jeanne de Lespinasse, enceinte, pour faire contraindre Ramus Eyma à subvenir aux frais de ses couches, 1772. 2 B 254

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Requête de Jeanne de Lespinasse.

Requête de Jeanne de Lespinasse, enceinte, pour faire contraindre Ramus Eyma à subvenir aux frais de ses couches, 1772. 2 B 254

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Requête de Jeanne de Lespinasse.

Requête de Jeanne de Lespinasse, enceinte, pour faire contraindre Ramus Eyma à subvenir aux frais de ses couches, 1772. 2 B 254

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Requête de Jeanne de Lespinasse.

Requête de Jeanne de Lespinasse, enceinte, pour faire contraindre Ramus Eyma à subvenir aux frais de ses couches, 1772. 2 B 254

Requête de Jeanne de Lespinasse. 12 12
Requête de Jeanne de Lespinasse.

Requête de Jeanne de Lespinasse, enceinte, pour faire contraindre Ramus Eyma à subvenir aux frais de ses couches, 1772. 2 B 254

L’égalité entre hommes et femmes : l’ambiguïté des Lumières

L’aspiration à l’égalité est accueillie par les auteurs des Lumières de manière ambiguë. Tant Diderot que Rousseau qui écrit : « La femme est faite spécialement pour plaire à l’homme », affirment que les femmes manquent d’intelligence conceptuelle et que les différences entre les sexes sont naturelles et immuables, même si l’homme et la femme ont des rôles sociaux complémentaires. Quelques voix divergentes comme Helvétius ou Condorcet ont peu d’écho. Parallèlement, les « femmes de pouvoir » sont dénoncées en même temps que la monarchie, régime du boudoir et de l’intrigue, en opposition à la République antique, fondée sur le mérite, la fermeté et les principes. Les femmes, qui représentent la sphère privée, ne peuvent donc être des individus politiques. Le mot « citoyen » n’a pas de féminin.

Marie de Gournay, Egalité des hommes et des femmes, 1622. Source Gallica/BnF
Marie de Gournay, Egalité des hommes et des femmes, 1622. Source Gallica/BnF
Poullain de la Barre, De l’égalité des deux sexes, discours physique et moral… Paris, 1673. Source Gallica/BnF
Poullain de la Barre, De l’égalité des deux sexes, discours physique et moral… Paris, 1673. Source Gallica/BnF
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