Libérer les poches de l’Atlantique
Libérer les poches de l’Atlantique
La Dordogne est libérée à la fin du mois d’août 1944, et aussitôt des unités périgourdines des Forces françaises de l’intérieur (FFI) sont engagées dans les combats pour la libération des départements de la Gironde, Charente et Charente-Maritime.
À la fin de l’été 1944, les formations de la Résistance sont en effet employées à chasser les troupes allemandes des régions de l’Atlantique. Ces unités de la Résistance, rassemblées depuis février 1944 parmi les Forces françaises de l’intérieur (FFI), connaissent une mutation profonde : à partir de la fin du mois de septembre 1944 et jusqu’au mois d’avril 1945, ces unités sont progressivement incorporées à l’armée française nouvelle. La participation des forces françaises à la libération du pays puis à l’occupation de l’Allemagne constitue un enjeu pour la souveraineté nationale et le retour de la France dans le rang des grandes puissances.
Une libération progressive du pays
Le débarquement allié sur les côtes normandes donne le signal de l’insurrection et le territoire national est progressivement libéré.
Ces cartes, dressées par les services alliés, présentent les zones libérées du 21 août au 18 septembre 1944. Le 21 août, les troupes allemandes occupent encore une grande partie du territoire, alors qu’à partir du 18 septembre la situation militaire passe nettement en faveur des Alliés et de la Résistance. Cependant, on observe sur la dernière carte des réduits allemands, notamment sur la façade atlantique.
Une guerre de mouvement :
la libération des grandes villes du sud-ouest
Bordeaux le 28 août 1944
Le repli des troupes allemandes permet la libération de Bordeaux le 28 août 1944. Parmi les unités de la Résistance, trois formations de Dordogne participent à l’enserrement de la ville : la colonne Driant, la colonne Demorny et la colonne Z.
Angoulême le 31 août 1944
La ville d’Angoulême est libérée dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1944 par des groupes de l’Armée secrète (notamment la brigade Rac) et des Francs-tireurs et partisans français (notamment les FTP Bernard, Ricco et Soleil).
Une guerre de position : les poches de l’Atlantique
Les troupes allemandes se replient puis s’enferment dans des réduits de résistance dans le Médoc (Gironde), à Royan et à La Rochelle (Charente-Maritime). Les unités de la Résistance sont alors employées à assiéger ces poches puissamment défendues. Estompé par les actualités au profit du mouvement spectaculaire des troupes alliées en marche vers l’Allemagne, ce « front des oubliés » se fixe dans une guerre de position de l’automne 1944 jusqu’au printemps 1945.
La pointe de Grave
Le siège de la Pointe de Grave est tenu par la brigade Carnot qui rassemble des résistants de toute l’Aquitaine. Venus de Dordogne on y trouve le groupe Marsouin de l’Armée secrète et le 7e bataillon des Francs-tireurs et partisans (FTP). Mal équipée, la brigade Carnot ne peut engager les opérations militaires avant le printemps 1945.
L’assaut est donné le 14 avril 1945, et le 20 avril, les troupes allemandes capitulent.
Une mission à la pointe de Grave : Christian Galtié.
Christian Galtié est employé aux ateliers de la SNCF à Périgueux lors de la déclaration de guerre. Il s’engage dans une unité du génie puis il est mis en congés d’armistice en 1942. Il reprend son travail aux ateliers de la SNCF à Périgueux où il sabote du matériel puis entre dans la clandestinité. Avec le 8e régiment d’infanterie il participe à la libération de Toulouse puis il est transféré sur le front du Médoc.
Pour écouter le témoignage intégral de Christian Galtié sur le site Mémoires de Résistances : Christian Galtié - Résistance des cheminots
La poche de La Rochelle
Ce réduit fortement défendu par les troupes allemandes est assiégé par les Forces françaises de l’Aunis, commandées par le colonel Chêne. On y trouve notamment les groupes Ricco, Demorny et Soleil des Francs-tireurs et partisans (FTP) de Dordogne. Au 1er décembre 1944, ces FTP périgourdins sont intégrés dans l’armée française nouvelle en formant le 108e régiment d’infanterie FFI (un régiment dissous à Bergerac en 1924).
Le 8 mai 1945, les troupes allemandes qui tiennent La Rochelle capitulent sans condition.
Le siège de La Rochelle, un rapport de force inégal : Léon Lichtenberg
Léon Lichtenberg est né en 1925 à Siedlce en Pologne et arrive avec sa famille à Paris en 1928. Ses parents s’installent en 1936 à Périgueux où ils sont commerçants ambulants. En février 1943, lui et sa famille échappent à une rafle. Il rejoint un maquis de l’Armée secrète fin 1943 puis intègre début 1944 un groupe des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans de la main d’œuvre immigrée). Après les combats de la libération du département, il est transféré sur le front de La Rochelle.
Pour écouter le témoignage intégral de Léon Lichtenberg sur le site Mémoires de Résistances : Léon Lichtenberg - De la Pologne aux FTP-MOI du Sarladais
Sur le front de La Rochelle, les patrouilles et l’assaut du 30 avril 1945 : Jean Vergnon
Jean Vergnon est né en 1925 à Cours-de-Pile. Passionné de sport et de gymnastique, il est inscrit au Club des enfants de France où il côtoie des résistants qui l’intègrent à leur réseau. À la fin de l’année 1943, ils le recommandent en qualité de requis civil à un emploi au commissariat de police de Bergerac. Au mois de juin 1944, il participe aux combats de Mouleydier puis à la libération de Bergerac. Engagé au 26e régiment d’infanterie, il est dirigé vers les poches de l’Atlantique.
Pour écouter le témoignage intégral de Jean Vergnon sur le site Mémoires de Résistances : Jean Vergnon - Résistance à Bergerac
Le front de Royan
La brigade Rac, devenue 50e régiment d’infanterie, tient pour une grande partie le secteur de Royan où débute une guerre de position à l’automne 1944.
Le 18 septembre 1944, le général de Gaulle se rend à Saintes. Quelques jours après, il donne le commandement des opérations pour le secteur de la Rochelle et Royan à Henri Adeline, chef des Forces française de l’intérieur de Dordogne sud.
L’incorporation au sein de l’armée française.
Les formations FFI deviennent peu à peu des unités de l’armée française, modifiant profondément leur statut. Les hommes signent désormais un engagement pour la durée de la guerre, et on peut lire que 80% d’entre eux l’ont fait dans l’édition de Forces Françaises du 25 octobre au 1er novembre 1944. Une autre conséquence est la reconnaissance par les troupes allemandes du statut de combattant pour les soldats de ces nouvelles unités. En effet, lors de la phase insurrectionnelle les autorités allemandes avaient rappelé qu’elles ne reconnaissent pas le statut de combattant aux FFI : un tract allemand diffusé au mois de juin 1944 précise que « quiconque poursuit (…) la lutte et ne dépose pas immédiatement les armes sera considéré comme franc-tireur et fusillé comme tel sans rémission ». (consulter l’exposition La contre-offensive allemande).
L’édition du 18 au 25 octobre 1944 de Forces françaises fait le récit des patrouilles sur le front de Royan, dans la boue et le froid. On note dans cette édition (en bas de page) que le régiment Rac devient une brigade. En effet, avec le regroupement des bataillons Roger et Roland (Armée secrète Dordogne centre), la brigade est officiellement constituée au sein de l’armée française nouvelle le 10 novembre 1944. Puis au 1erjanvier 1945 elle forme le 50e Régiment d’infanterie FFI. Elle prend le numéro d’un régiment dissous à Périgueux en 1929.
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Dans l'édition du 25 octobre au 1er novembre 1944, Forces Françaises rappelle dans son éditorial que la guerre se poursuit sur le territoire national, alors même que le grand public semble l’oublier. Plus bas il est question de l’incorporation des Forces françaises de l’intérieur (FFI) au sein de l’armée.