Au printemps 1944, l’imminence d’une vaste opération alliée d’envahissement de l’Europe est une certitude pour les autorités allemandes et françaises, comme pour la population.
La propagande à la veille du débarquement
À quelques semaines du débarquement sur les côtes normandes, la propagande s'accentue quel que soit le camp. La Dordogne, département rural que l’on pourrait imaginer loin des objectifs de communication des Alliés est cependant régulièrement l’objet de lâchers de tracts par des avions. La Résistance française participe également avec ses moyens à cette vaste offensive dans le domaine de la communication. Enjeu majeur pour les belligérants, la propagande est destinée à maintenir le moral des populations et atteindre celui de l’ennemi. En ce printemps 1944, l’objectif des Alliés consiste à préparer les esprits à un futur débarquement, justifier les bombardements et rappeler que l’armée française participe à la bataille de la libération de l’Europe.
Les armes françaises à l’honneur
Dans la nuit du 29 février au 1er mars 1944, un avion lance des tracts sur Bergerac, dont l’un est intitulé Lesarmes françaises à l’honneur. Débutant par les félicitations de Winston Churchill au général de Gaulle ce tract veut démontrer à la population que les troupes françaises sont engagées dans la libération de l’Europe. En effet, le corps expéditionnaire français d’Italie, commandé par le général Juin, combat dans la péninsule depuis novembre 1943, et ce jusqu’en juin 1944.
Vichy moque le débarquement
Alors qu’un débarquement allié sur les côtes françaises semble imminent, la propagande de Vichy ironise : le 8 avril 1944 des tracts au format de pages de calendrier sont découverts dans les rues de Périgueux. L’un présente une caricature au verso du 15 mars (date d’une vaste opération militaire annoncée par Winston Churchill) et l’autre présente le débarquement sous la forme d’un poisson d’avril.
Résurrection militaire de la France
Dans la nuit du 9 au 10 avril 1944 un avion lance des tracts sur la ville de Périgueux. L’un de ces tracts, intitulé Résurrection militaire de la France, met à nouveau en exergue l’action armée de la France en Italie. Une inspection du général de Gaulle et une interview du général Juin y trouvent bonne place pour mettre en valeur la participation de la France aux combats de libération. Il s’agit aussi de démontrer qu’une armée française se reconstruit dans la bataille.
Les bombardements de l’industrie de guerre allemande
Des tracts sont lancés dans la nuit du 10 au 11 avril 1944 dans la région de Mareuil-sur-Belle. Ils relatent les bombardements contre l’industrie de guerre allemande menés par les forces aériennes des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Il s’agit en fait du compte rendu présenté par le ministre de l’Air britannique à la Chambre des communes le 29 février 1944. Avec ce tract les Alliés souhaitent démontrer aux Français leur domination aérienne sur l’Europe et l’efficacité de leurs bombardements.
Le Courrier de l’air et les bombardements de la France
Le 4 mai 1944 des exemplaires du Courrier de l’air – journal de propagande parachuté par la Royal Air Force sur la France – sont découverts par la gendarmerie à Saint-Avit-Sénieur. Ce numéro, en date du 27 avril 1944, expose la guerre aérienne contre l’Allemagne et délivre un message aux Français. Il s’agit pour les Alliés de répondre à la propagande de Vichy au sujet des victimes civiles des bombardements. On note également en dernière page un article beaucoup moins martial sur la majorité de la princesse Elizabeth. Les gendarmes ont saisi l’ensemble des exemplaires découverts.
Tract dénonçant les bombardements de la France
La propagande du régime de Vichy dénonce les bombardements avec ce tract, dont on ne connait ni la date exacte ni le lieu de découverte en Dordogne.
L’Amérique en guerre : un message au peuple de France
Le n°99 du 26 avril 1944 de l’Amérique en guerre est découvert dans la région de Sainte-Foy-la-Grande le 9 mai 1944. Parmi les informations choisies par les Alliés, on note dès la première page un « message au peuple de France ». Il s’agit – comme dans le numéro du 27 avril 1944 du Courrier de l’air – de justifier les bombardements de la France afin de contrer la propagande de Vichy. On peut également y lire un hommage des États-Unis à la Résistance française.
Appel à la grève et à rejoindre le maquis
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1944 plusieurs tracts communistes sont distribués dans les bourgs de Miallet et Piégut-Pluviers. Ils appellent à cesser le travail le 1er mai pour la libération du pays et invitent les jeunes périgourdins à rejoindre le maquis. Ces tracts sont signés du Front national de Miallet et de la section locale des Jeunesses communistes. Le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France est un mouvement de Résistance créé par le Parti communiste français.
Un faux tract du Parti communiste français diffusé par l'occupant
Le 12 mai 1944 des tracts de tendance communiste sont découverts dans plusieurs quartiers de Périgueux. Le commissaire de police informe le préfet que ces tracts « ...auraient été répandus par des membres de l’armée d’occupation ». Le commissariat des Renseignements généraux ajoute que les milieux ouvriers considèrent ce tract comme une provocation. En effet, celui-ci invite les ouvriers et paysans à suivre tous les ordres du Parti communiste français, « même si ceux-ci semblent étranges ».
Propagande de Vichy
Le 1er juin 1944, de petits papillons de la propagande nationale sont diffusés à Périgueux, dans le quartier de l’avenue de Paris. Vichy riposte aux actions de propagande des Alliés et de la Résistance par des messages paternalistes.
Rapport hebdomadaire du commissariat des Renseignements généraux, semaine du 14 au 20 mai 1944
Chaque semaine, le commissariat des Renseignements généraux de la Dordogne remet un rapport au préfet. Ce document, toujours dressé selon les mêmes chapitres, livre l’état de l’opinion publique, relève l’activité des partis politiques, présente la situation économique et liste les évènements survenus au cours de la semaine. Pour la semaine du 14 au 20 mai 1944 on note l’intérêt de la population pour le débarquement allié, alors pressenti pour la fin du mois de mai. On note également l’activité de la Résistance et le bombardement de la poudrerie de Bergerac le 13 mai 1944.