Femmes hors normes
Femmes hors normes
« La femme est vouée à l’immoralité parce que la morale consiste pour elle à incarner une inhumaine entité : la femme forte, la mère admirable, l’honnête femme etc. »
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 1949
Prises dans le regard des hommes et de la société de leur époque, les femmes, garantes et dépositaires de principes moraux édictés par les lois et la religion, se voient attribuer des qualités et des vertus dont elles doivent se montrer dignes dans la sphère privée, leur domaine réservé. Dans l’espace public en revanche, d’autres modèles de femmes apparaissent, exceptions que l’on se plaît à montrer du doigt pour mieux rappeler les règles.
"Le plus vieux métier du monde"
Au XIXe siècle et jusque vers 1950, bien que condamnée par la morale, la prostitution féminine est considérée comme un "mal nécessaire". Tolérance, contrôle et surveillance inspirent arrêtés municipaux et notes préfectorales, qui stigmatisent ces femmes en ignorant leurs clients, à peine désignés. Les archives judiciaires sont des sources précieuses pour saisir la volonté des pouvoirs publics de réprimer ce fléau. Depuis la fermeture des maisons closes en 1946 grâce à l’action de Marthe Richard, la loi ne cesse d’intervenir dans le champ de la prostitution, avec pour finalité son abolition.
Rapport biennal sur la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui pour la ville de Périgueux, 9 janvier 1959
Le commissaire de police de Périgueux signale la « difficulté d’atteindre les personnes qui reçoivent directement des clients à leur domicile ». 1 W 3399
📺 Prostituée, le plus vieux métier du monde ? (une vidéo des Revues du Monde)
George de Peyrebrune (1841-1917)
Née de père inconnu, après "dix années de claustration conjugale", elle s’installe à Paris où elle fait ses premiers pas dans le monde littéraire parisien. Elle fait paraître des nouvelles puis plusieurs romans dans de grands journaux de la capitale. Romancière reconnue, convaincue qu’il est impératif de créer des structures par et pour les femmes, elle est l’une des fondatrices du Prix Femina. Républicaine engagée, très cultivée, grande lectrice, intéressée par la philosophie et la peinture, attirée par les idées maçonniques, elle est une authentique intellectuelle indignée par les injustices sociales qu’elle dénonce au fil de ses romans.
Rachilde (1860-1953)
Marguerite Eymery monte très tôt à Paris pour fuir le carcan familial. Sous le pseudonyme de Rachilde, elle acquiert la notoriété avec des romans sulfureux pour son époque. Épouse d’Alfred Vallette, directeur du Mercure de France, elle réunit tous les mardis, dans son salon, les "plumes" qui comptent ou qui espèrent compter. Ses critiques littéraires au Mercure ont valeur de verdict.
Jane Poupelet sculptant un masque pour une "gueule cassée", v. 1920
Vous pouvez visionner un film de 1918, montrant le travail de Anna Coleman Ladd et Jane Poupelet.