Les femmes réquisitionnées
Les femmes "réquisitionnées"
Je suis déterminée à mettre toutes mes forces au service de mon pays d’adoption, maintenant que je ne peux plus rien faire pour mon malheureux pays natal.
Marie Curie, lettre adressée à Paul Langevin, janvier 1915
Au XXe siècle, la France participe à deux conflits mondiaux. à chaque fois, les hommes sont mobilisés et combattent. Derrière eux, ils laissent mères, femmes et filles. Ces dernières sont rapidement l’objet « d’attentions » de la part de l’état. En effet, les femmes, si elles ne combattent pas, sont réquisitionnées par les politiques économiques, sociales et culturelles afin de présenter un front commun et uni face à l’adversité.
La mobilisation des femmes
Dès le mois d’août 1914, René Viviani demande aux femmes de remplacer « sur le champ de travail ceux qui sont sur les champs de bataille ». Si les femmes sont déjà présentes dans les champs, les boutiques et les usines, elles arrivent massivement dans des secteurs considérés comme masculins : dès le mois de décembre 1915, de nombreuses ouvrières travaillent ainsi à la poudrerie de Bergerac.
Les anges blancs
À l’arrière du front, les femmes jouent un rôle essentiel dans les soins aux blessés. Laïques ou religieuses, ces « anges blancs », comme Madame Larue de Charlus, font preuve d’une abnégation sans faille, reconnue et récompensée.
En 1940, la France, après l’effondrement de son armée, entre dans une nouvelle ère. « L’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice » déplore le Maréchal Pétain le 19 juin 1940. La défaite est en partie imputée à l’évolution de la société depuis 1918 et au Front Populaire, accusé d’avoir désarmé la France, militairement et moralement. L’organisation sociale doit être réformée, non sans conséquences importantes pour les femmes.
Leur place devant être au foyer, les femmes mariées et les femmes de plus de 50 ans sont exclues du service public par la loi du 11 octobre 1940. Des préconisations similaires touchent le secteur privé.
L’Avenir de la Dordogne, 16 octobre 1940
Les femmes dans la famille de la Révolution nationale
L’état français, dirigé par Philippe Pétain, instaure le mouvement de la « Révolution nationale », où la famille doit être le pilier d’un ordre nouveau. La femme cesse d’être un individu autonome pour s’incarner dans la figure sublimée de la mère.
La mère sous Vichy, entre idéalisation et réalité
La propagande du régime de Vichy accentue le rôle des mères. La fête des mères, officialisée dès 1941, est célébrée à Périgueux, le 31 mai 1942, de manière festive : cérémonies religieuses, remise de médailles à des mères par le maire de la ville, concerts ou encore distribution de friandises pour les plus jeunes.
Protestation
Les femmes, cantonnées au foyer, doivent faire face aux difficultés croissantes de la vie quotidienne durant ces années de guerre. Le 27 août 1943, une cinquantaine d’entre elles n’hésitent pas à manifester devant la souspréfecture de Bergerac pour protester contre le retard apporté dans la distribution des matières grasses.
Journée des mères, 30 mai 1943. (11 Fi 42)