Des femmes rebelles

Des femmes rebelles

C’est la participation des femmes qui a donné à la Résistance son extension et sa profondeur. Parce que les hommes étaient absents, parce qu’au début de l’Occupation, il y avait un million huit cent mille prisonniers de guerre, les femmes se sont trouvées en première ligne face aux injustices, aux arrestations.

Lucie Aubrac, Cité dans Les femmes dans la Résistance en France, Actes du colloque international de Berlin, 8-10 octobre 2001, Tallandier, 2003, p. 16.

Remise de la Légion d’honneur à Joséphine Baker (1961). Fonds Diaz, 14 Fi 1106-1

Durant la Première Guerre mondiale, certains comportements de femmes, jugés plus répréhensibles encore en temps de guerre, sont mis à l’index et réprimés.

Les femmes dans l'étau de la surveillance

En temps normal et plus encore dans un contexte de guerre, certaines femmes font l’objet d’une étroite surveillance. Les prostituées, « femmes déviantes », en sont les premières victimes.

"La chasse au cafard", carte postale. 1 Num 108 1 2
"La chasse au cafard", carte postale. 1 Num 108
Arrêté du maire de Ribérac, règlementant la prostitution, 1916. 4 M 97 2 2
Arrêté du maire de Ribérac, règlementant la prostitution, 1916. 4 M 97

L'impossibilité d'exprimer ses idées

Les grévistes, perçues comme une menace pour l’union patriotique, sont, elles aussi, très surveillées : en juin 1917, une centaine de femmes employées à la poudrerie de Bergerac refusent de reprendre le travail et manifestent en chantant l’Internationale.

Grève des ouvrières à la poudrerie, rapport du commissaire de police au sous-préfet, 8 juin 1917. 1 M 20
Grève des ouvrières à la poudrerie, rapport du commissaire de police au sous-préfet, 8 juin 1917. 1 M 20

Dévouement et règlement 

"Infirmière major" et "pas de femme !", Avenir de la Dordogne, 4 avril 1918.

La quatrième colonne en une de L’Avenir de la Dordogne du 4 avril 1918 illustre les attentes paradoxales qui portent sur les femmes : Odette de Montaigut est louée pour son dévouement auprès des malades à l’hôpital de Bordeaux (preuve en est que la mobilisation des femmes est reconnue) mais le ministre de l’armement rappelle avec fermeté que ses véhicules ne peuvent être conduits que par des infirmères en tenue et pour des besoins hospitaliers.

Dès 1940, des Français et des Françaises refusent la défaite et la collaboration et s’engagent dans des mouvements de Résistance. Cependant, l’historiographie oublie souvent les femmes dont le rôle est marginalisé, réduit aux opérations d’importance secondaire alors que l’action armée menée par les hommes est plus valorisée. Autant que les hommes, les femmes participent à la Résistance. Leur action, pas toujours armée, revêt des formes multiples.

Au quotidien, certaines comme Jeanne Grillon décidèrent de s’opposer à l’ordre établi et à l’occupant : jeune-fille elle traçait à la craie blanche des croix de Lorraine dans le dos des soldats allemands croisés à Monoprix. Claudette Hauswirth exhibait fièrement quant à elle une multitude de boutons métalliques alors que Vichy ordonnait la récupération des métaux.

🔈 Témoignage sonore de Jeanne Grillon 
Attestation de Maxime Roux, Préfet de la Dordogne, en faveur de Marguerite Eberentz, 19 décembre 1944. 1906 W 20 1 4
Attestation de Maxime Roux, Préfet de la Dordogne, en faveur de Marguerite Eberentz, 19 décembre 1944. 1906 W 20
Marguerite Eberentz, fiche d’adhésion à l’Union départementale des Anciens de la Résistance de la Dordogne, 18 février 1946. 14 J 34 2 4
Marguerite Eberentz, fiche d’adhésion à l’Union départementale des Anciens de la Résistance de la Dordogne, 18 février 1946. 14 J 34
Photographie d’Henriette Lutenbacher, 1948. 1257 W 23 3 4
Photographie d’Henriette Lutenbacher, 1948. 1257 W 23
Attestation du chef de bureau des Forces Françaises Combattantes de l’Intérieur en faveur d’Henriette Lutenbacher. 1257 W 23 4 4
Attestation du chef de bureau des Forces Françaises Combattantes de l’Intérieur en faveur d’Henriette Lutenbacher. 1257 W 23

Les femmes dans les groupes résistants

Certaines agissent dès 1940 au sein de réseaux organisés, tel le réseau "Camouflage du matériel". Marguerite Eberentz et Henriette Lutenbacher, employées de la préfecture de la Dordogne oeuvrent avec constance et discrétion à la création de faux-papiers. En 1944, elles sont dénoncées, arrêtées puis déportées à Ravensbrück, Oranienbourg et Sachsenhausen.

Les femmes et la collaboration

Les femmes sont aussi le reflet de la société française de ces années troubles. Marguerite Bertinot, membre très active du Parti Populaire Français (PPF), et qui fut secrétaire de Jacques Doriot, organisa en Sarladais une officine de ce parti. Elle fut également à l’origine de nombreuses dénonciations de résistants dans cet arrondissement. Elle échappa de peu à une action de représailles de la Résistance lors de laquelle son mari fut tué.

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Rapport du commissaire de police de Sarlat concernant Marguerite Bertinot, 9 février 1946. 1509 W 36 2 2
Rapport du commissaire de police de Sarlat concernant Marguerite Bertinot, 9 février 1946. 1509 W 36

Les femmes tondues

La Libération connaît un déchaînement de violence dont les femmes réputées collaborationistes ou fréquentant les occupants sont les premières cibles. À Périgueux, particulièrement fin août et septembre 1944, certaines sont tondues et promenées dans la ville.

Arrivée de femmes qui vont être tondues à Périgueux. 1 Num 08-12
Arrivée de femmes qui vont être tondues à Périgueux. 1 Num 08-12
« Ballade des tondues » Voies nouvelles, organe officiel du Comité départemental de la libération de la Dordogne, 7-8 septembre 1944
« Ballade des tondues » Voies nouvelles, organe officiel du Comité départemental de la libération de la Dordogne, 7-8 septembre 1944
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