À quelques mois de la libération du département (le 25 août 1944), la Dordogne connaît une campagne de répression brutale menée par la division Brehmer, de la fin du mois de mars jusqu’au début du mois d’avril 1944.
L’intensification des actions de la Résistance (sabotages et attaques armées) a fait craindre un embrasement aux autorités françaises et allemandes. Dans ce contexte pré-insurrectionnel, la division Brehmer – qui a pris le nom de son général – est constituée de toutes pièces afin de combattre la Résistance et ses appuis parmi la population en Dordogne et Limousin. Mais elle a aussi pour objectif de pourchasser et fusiller les Juifs. Du 26 mars au 2 avril 1944 la division Brehmer fait près de 200 victimes, procède à des centaines d’arrestations et se livre à de nombreux incendies et pillages dans le département.
La sélection de documents présentée ici ne vise pas l’exhaustivité mais propose de livrer le contexte historique qui précéda la Libération du département. Ces documents proviennent du fonds du commissariat des Renseignements généraux de la Dordogne (cote : 2114 W 8). Ils ont été rédigés lors du passage de la division Brehmer ou quelques jours après, et permettent de suivre ses opérations jour après jour. Ces rapports, rédigés au moment des faits, contiennent parfois des erreurs et des imprécisions voire des lacunes.
26 mars 1944
Brantôme
Le 25 mars 1944 un accrochage entre des éléments de la Résistance et un détachement de la division Brehmer se produit dans la région de Brantôme. 25 résistants emprisonnés à Limoges sont conduits à Brantôme pour y être fusillés. Le rapport de police en date du 18 avril 1944 présenté ici dénombre 42 victimes au total.
Mussidan
Une rafle menée le 26 mars 1944 dans la région de Mussidan et Ribérac conduit à l'arrestation d'environ 300 personnes, selon le rapport de la gendarmerie de Mussidan.
27 mars 1944, cantons de Ribérac, Mussidan et Verteillac
Le 22 avril 1944, la police dénombre 14 victimes
29 mars 1944, Thiviers et son canton
Le 29 mars 1944 la police dénombre 2 arrestations et 11 fusillés.
30 mars 1944, Excideuil
Le 30 mars le préfet de la Dordogne signale au ministre de l’Intérieur à Vichy 3 exécutions à Corgnac-sur-l’Isle le 29 mars, 3 à Excideuil le même jour ainsi que des arrestations à Sarlat.
Du 30 mars au 2 avril 1944
Terrasson et son canton (39 victimes)
Montignac et son canton (8 victimes)
Thenon et sa région (29 victimes)
Rouffignac, 31 mars 1944
Le 31 mars 1944 la division Brehmer entre dans Rouffignac : le matin même elle met aux arrêts quatre gendarmes présents à la caserne et regroupe les hommes du village. En fin d’après-midi les habitants sont évacués puis à 17h les maisons sont pillées et le village incendié. Les hommes les plus jeunes sont conduits à Périgueux et Pierre Khantine, professeur à l’École navale réfugié à Rouffignac est fusillé le soir même dans le cimetière d’Azerat. Le 2 avril des éléments de la troupe reviennent pour incendier d’autres habitations aux abords du bourg.
Le 3 mai 1944 le commissariat des Renseignements généraux de la Dordogne mène une enquête sur les vols, pillages et viols qui accompagnèrent l’incendie du village.
Un rapport établit fin 1944 dénombrait plus d’une centaine de bâtiments détruits, 16 personnes déportées et 3 morts.
La mairie et la gendarmerie de Rouffignac avant puis après le 31 mars 1944 (1num046_001 (collection Jean-Michel Faure) et Fonds Nedellec 60 Fi 5037).
1er et 2 avril 1944
Sarlat, 1er et 2 avril 1944
Le commissaire de police de Sarlat signale le passage de troupes allemandes à Sarlat le 1er avril 1944 et l’arrestation de nombreux Juifs.
Tocane, 2 avril 1944
La gendarmerie signale que 200 hommes ont mené une opération dans la région de Tocane le 2 avril 1944.
Rapport d’ensemble
Le 5 avril 1944 la police dresse un rapport sur les opérations menées par les troupes d’occupation en Dordogne du 26 mars au 5 avril 1944.