Communardes : Nous ne dirons rien de leurs femelles

Wilfrid Lupano - Xavier Fourquemin

Communardes : Nous ne dirons rien de leurs femelles

Wilfrid Lupano - Xavier Fourquemin

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles

Xavier FOURQUEMIN

Né Le 22 juin 1970 à Neuilly-sur-Seine. Après sa scolarité suivie à Bagneux puis à Toulouse, son baccalauréat en poche, il déménage en Belgique en 1991 pour s’inscrire dans la section « bande dessinée » de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, où il suit notamment les cours d’Antonio Cossu. En 2012, il entreprend une fructueuse collaboration avec le scénariste Philippe Charlot. Les deux auteurs vont réaliser successivement, pour les éditions Bamboo, Le Train des Orphelins, une série qui connaît 8 tomes entre 2012 et 2017, entre lesquels Xavier Fourquemin dessine en 2016 le troisième tome de la série Communardes ! écrite par Wilfrid Lupano, puis le triptyque Le Cimetière des Innocents en 2018 et 2019, avant de lancer une nouvelle série chez l’éditeur Vents d’Ouest, Les Enquêtes de Lord Harold, douzième du nom, dont le premier tome paraît en janvier 2020.


Les femmes qui ont participé à la Commune de Paris ont été invisibilisées, niées dans leurs combats, empêchées bien souvent d’aller au bout de leur engagement militant.

Mais il y a pire, pour ainsi dire. Car au terme de la semaine sanglante, les femmes allaient devoir manger le pain noir de la défaite, solidement tartiné d’une couche d’humiliation spécialement concoctée pour elles par le pouvoir versaillais et la société conservatrice.

Cette humiliation allait venir en deux temps durant les procès.

Wilfrid LUPANO

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 28. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 28. Planche originale)

La femme ayant à cette époque le même statut légal que l’enfant, il fut décidé assez rapidement qu’aucune d’entre elles ne serait mise à mort, alors que nombre d’hommes ayant participé à l’action communarde ont été exécutés. Créatures naïves et faibles, elles n’étaient coupables que d’avoir été manipulées par des hommes orgueilleux et avides de pouvoir.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 29. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 29. Planche originale)

Le personnage fictif de Marie, inspiré de plusieurs trajectoires réelles de communardes, raconte en partie cette réalité.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 30. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 30. Planche originale)

Marie n’est pas une théoricienne comme Elisabeth Dmitrieff ou Louise Michel. Fille du peuple, peu éduquée, elle ne parle pas beaucoup de politique. Elle voit simplement dans la Commune de Paris l’espoir d’un changement de monde et elle veut y participer, quel que soit le monde d’après, parce ce qui est important pour elle, c’est la fin de la société dans laquelle elle vit.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 31. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 31. Planche originale)

Marie veut en découdre, simplement. Laisser aller sa colère, et faire partie d’une énergie, d’un mouvement.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 32. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 32. Planche originale)

Des « femelles » démentes et pyromanes, voilà à quoi on tenta de réduire les communardes. En vain, juridiquement, car aucun fait de cette nature ne put être véritablement prouvé.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 33. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 33. Planche originale)

Paris brûla bien, cela était incontestable, mais il y avait mille autre facteurs pour expliquer les incendies. L'armée versaillaise elle-même tira sur la ville avec des boulets incendiaires.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 34. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 34. Planche originale)

Mais le résultat fut atteint dans l'opinion publique : les journaux de l'époque, Figaro en tête, relayèrent allègrement cette figure infâme de la pétroleuse, qui servit d'épouvantail à toutes les revendications féminines de la fin du 19e et du début du 20e.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 50. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 50. Planche originale)

ces procès furent également l’occasion pour la société patriarcale de l’époque de marquer durablement les esprits quant au danger de laisser les femmes se mêler de politique.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 51. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 51. Planche originale)

On tenta de « démontrer », durant ces procès, que les femmes, par nature moins performantes intellectuellement, étaient plus à même de se laisser gagner par les nouvelles « maladies mentales » de l’époque qu’étaient le socialisme et l’anarchisme.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 52. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 52. Planche originale)

Dès lors, le cerveau de la femme étant incapable de supporter la « tension cérébrale » de telles thématiques, la pauvre créature sombrait invariablement dans la folie, et on obtenait alors cette sinistre harpie hirsute que l’on voyait dans le box des accusées : la pétroleuse.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 55. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 55. Planche originale)

Ce fut là pour les femmes une ultime insulte, la négation de leur libre arbitre, de leur responsabilité.

Plusieurs communardes, Louise Michel en tête, exigèrent d’être traitées comme leurs frères d’armes, mais rien n’y fit. Aux hommes, les balles dans la peau ou la corde, aux femmes les bagnes et l’exil en Nouvelle-Calédonie.

Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 56. Planche originale)
Communardes ! : Nous ne dirons rien de leurs femelles (page 56. Planche originale)

Plusieurs communardes, Louise Michel en tête, exigèrent d’être traitées comme leurs frères d’armes, mais rien n’y fit. Aux hommes, les balles dans la peau ou la corde, aux femmes les bagnes et l’exil en Nouvelle-Calédonie.


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