L'instruction des filles sous la IIIe République avant 1914

De l'instruction primaire dans le département de la Dordogne pendant l'année scolaire 1864-1865 par l'abbé Hébert-Duperron, inspecteur d'Académie, 1 T 20
De l'instruction primaire dans le département de la Dordogne pendant l'année scolaire 1864-1865 par l'abbé Hébert-Duperron, inspecteur d'Académie, 1 T 20

Dans la France du XIXème siècle, deux types d’établissements d’enseignement cohabitent : les écoles primaires, où vont plus ou moins longtemps les enfants du peuple, et les établissements secondaires, moins nombreux, où sont éduqués les enfants de notables. Faute de politique scolaire volontariste et de moyens financiers, l’enseignement primaire ne connaît qu’une ascension lente en dépit de la loi Guizot de 1833 (qui marque une volonté d’uniformiser l’enseignement primaire). Quant à l’enseignement des filles, la plupart des lois scolaires qui ont été votées ne concernent que les garçons.


Pistes de questionnement : Quel bilan de la scolarisation des enfants est dressé en 1864 ?

Différenciez filles et garçons.

Quels sont les freins à la scolarisation des enfants ?

Loi sur l'enseignement primaire obligatoire, Journal officiel de la République française, mercredi 29 mars 1882, 2 K 338
Loi sur l'enseignement primaire obligatoire, Journal officiel de la République française, mercredi 29 mars 1882, 2 K 338

Jules Ferry est nommé ministre de l’Instruction publique le 4 février 1879. Il commence par modifier la composition du Conseil supérieur de l’Instruction publique.

Ensuite les grandes réformes s’enchainent : sur l’encadrement primaire, sur le plan d’études secondaires.

Lorsque Jules Ferry quitte le ministère de l’Instruction publique en novembre 1883, l’essentiel est acquis.

Loi sur l'enseignement primaire obligatoire, Journal officiel de la République française, mercredi 29 mars 1882, 2 K 338
Loi sur l'enseignement primaire obligatoire, Journal officiel de la République française, mercredi 29 mars 1882, 2 K 338

Lorsque Jules Ferry devient ministre de l’Instruction publique, des filles suivent déjà une scolarisation. Mais 56% des filles sont éduquées par des congréganistes ; à la même date, 76% des garçons sont inscrits dans le public laïque.
La véritable plus-value du texte de loi porte sur la scolarisation républicaine des filles.

L'enseignement primaire obligatoire, L'Union nontronnaise, 2 avril 1882, PRE 19
L'enseignement primaire obligatoire, L'Union nontronnaise, 2 avril 1882, PRE 19

L’Union nontronnaise, dans son édition du 2 avril 1882, relate en Une les détails de la loi du 28 mars 1882.

Regard sur l'instruction laïque et obligatoire, L'Echo de Dordogne et de Vésone, 15 mars 1882, PRE 417
Regard sur l'instruction laïque et obligatoire, L'Echo de Dordogne et de Vésone, 15 mars 1882, PRE 417

L’Echo de Dordogne et de Vésone publie un éditorial engagé sur la loi sur l’instruction obligatoire et laïque.

L'école neutre, L'Eclaireur de la Dordogne, 22 mars 1882, PRE 75
L'école neutre, L'Eclaireur de la Dordogne, 22 mars 1882, PRE 75

L’Eclaireur de la Dordogne publie un éditorial engagé sur « l’infâme projet de loi » sur l’instruction obligatoire et laïque.

Ecole de filles de Vergt, carte postale, 2 Fi 2174
Ecole de filles de Vergt, carte postale, 2 Fi 2174

Le 15 mai 1861, le conseil municipal de Vergt délibère sur l’acquisition de parcelles destinées à accueillir un Hôtel de Ville-justice de paix-école de primaire.
Ce premier pas vers la scolarisation des enfants s’avère vite insuffisant. 127 enfants s’entassent dans une annexe exigüe ; la municipalité réfléchit donc à d’autres solutions.
Le 9 avril 1882, le conseil municipal de Vergt se prononce pour l’achat d’un terrain pour la somme de 4000 francs afin d’y construire une école de filles.

Extrait du procès-verbal des délibérations du conseil municipal de la ville de Périgueux, séance du 3 octobre 1877, 10 O 324, page 1
Extrait du procès-verbal des délibérations du conseil municipal de la ville de Périgueux, séance du 3 octobre 1877, 10 O 324, page 1

Depuis de longs mois, le conseil municipal est à la recherche d’un terrain pour établir de nouvelles écoles de filles.
Lors d’une session extraordinaire, datée du 3 octobre 1877, le conseil municipal de la ville de Périgueux doit débattre de l’achat de deux maisons (Destrieux et Lambert) situées rue Saint Louis pour y établir l’école des filles du Centre.

Extrait du procès-verbal des délibérations du conseil municipal de la ville de Périgueux, séance du 3 octobre 1877, 10 O 324, pages 2 et 3
Extrait du procès-verbal des délibérations du conseil municipal de la ville de Périgueux, séance du 3 octobre 1877, 10 O 324, pages 2 et 3

Lors de la session extraordinaire, datée du 3 octobre 1877, le conseil municipal de la ville de Périgueux décide de l’achat des bâtiments de Destrieux et Lambert pour la somme de 31000 francs.

Dessin de la façade de l'école des filles du Centre, Périgueux, 10 O 324
Dessin de la façade de l'école des filles du Centre, Périgueux, 10 O 324

L’oeuvre scolaire de la IIIème République impose de restaurer ou de construire des bâtiments adaptés.
De véritables palais scolaires naissent sur le territoire de la ville de Périgueux.

Plan de l'école des filles du Centre, Périgueux 10 O 324 (rez-de-chaussée)
Plan de l'école des filles du Centre, Périgueux 10 O 324 (rez-de-chaussée)

L’école des filles du Centre est organisée autour de cours et de préaux. Les petites filles disposent aussi de salles pour déposer leurs paniers.

Plan de l'école des filles du Centre, Périgueux 10 O 324 (premier étage)
Plan de l'école des filles du Centre, Périgueux 10 O 324 (premier étage)

A l’étage, l’école des filles du Centre compte cinq classes ainsi que les lieux dédiés aux activités manuelles.
Le dernier étage de l’école est dédié aux institutrices.

Affiche annonçant les travaux de construction d'une école de filles à Milhac-d'Auberoche, décembre 1911, 10 O 393
Affiche annonçant les travaux de construction d'une école de filles à Milhac-d'Auberoche, décembre 1911, 10 O 393

La politique scolaire de Jules Ferry entraîne un très important effort budgétaire de la part de l’Etat et des communes pour construire les nouvelles écoles.

Règlement des écoles primaires publiques élémentaires du département de la Dordogne, 1887, 1 T 24
Règlement des écoles primaires publiques élémentaires du département de la Dordogne, 1887, 1 T 24

L’organisation de la vie scolaire (procédure d’admission, temps de travail, vacances, obligatoires…) est cadrée par le Règlement des écoles primaires publiques élémentaires.

Registre d'appel journalier de l'école publique des filles de Beleymas pour le mois de décembre 1882, 4 T 24
Registre d'appel journalier de l'école publique des filles de Beleymas pour le mois de décembre 1882, 4 T 24

Avant les lois Jules Ferry, l’enseignement élémentaire n’était pas obligatoire ; la fréquentation de l’école dépendait des intentions et des moyens financiers des parents mais aussi des saisons et des distances qui séparaient l’école des domiciles familiaux.
La loi de 1882 pose un cadre légal mais la fréquentation scolaire peut encore être variable selon les coins du département de le Dordogne.

Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, L'enseignement
Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, L'enseignement

De Jules Ferry à la veille de la Première Guerre mondiale, le contenu de l’enseignement primaire varie peu : instruction morale et civique, lecture et écriture, langue et éléments de la littérature française, histoire et géographie, éléments de sciences, travaux manuels et gymnastique.
La théorie pédagogique de l’enseignement primaire républicain est intuitif : « par des explications des enfants et par des questions simples et claires, ils savent les initier aux premières connaissances » note l’Inspecteur primaire lors de son passage dans les écoles de la ville de Périgueux en 1894.

Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, Les travaux manuels des filles (1)
Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, Les travaux manuels des filles (1)

Des apprentissages spécifiques sont prévus dans les programmes de 1882 : exercices militaires pour les garçons, travaux à l’aiguille pour les filles.
Cependant, il faut se garder de l’illusion produite par les textes normatifs. Lors de son passage à Périgueux en 1894, l’Inspecteur primaire déplore que les ateliers fassent défaut dans les écoles.

Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, Les travaux manuels des filles (2)
Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, Les travaux manuels des filles (2)

Lors de son passage à Périgueux en 1894, l’Inspecteur primaire insiste sur la nécessité d’établir dans la ville deux ou trois ateliers afin que les filles puissent s’initier à des travaux fondamentaux comme « la confection des bas ».
Il déplore ici que les institutrices ne restent dans « les limites du programme ». Il poursuit en affirmant que « le désir de faire beaucoup dans nos écoles de filles est cause que l’on sacrifie quelque fois l’utile à l’accessoire ».

Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, Le certificat d'études
Rapport général sur les écoles de la ville de Périgueux dressé par l'Inspecteur primaire et adressé à l'Inspection d'Académie, Le certificat d'études

Le certificat d’études primaires fait son apparition sous le Second Empire mais reste associé à l’oeuvre scolaire de la IIIème République. L’article 6 de la loi du 26 mars 1882 le renforce : il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l’âge de 11 ans.
En 1883, à Périgueux, 65 filles se présentent au certificat d’études primaires ; 52 sont reçues.

Prospectus du cours d'enseignement secondaire de jeunes filles de Périgueux, année 1888-1889, 1 T 215
Prospectus du cours d'enseignement secondaire de jeunes filles de Périgueux, année 1888-1889, 1 T 215

L’enseignement secondaire public des jeunes filles est mis en place par la loi Camille Sée de 1880. Il est dispensé dans des lycées, des collèges et cours secondaires. A Périgueux, l’initiative d’un enseignement secondaire des filles vient de quelques professeurs du lycée de garçons ; la municipalité soutient ce projet en prêtant un local. En 1886, le cours secondaire de jeunes filles est fondé.
Une décision ministérielle du 18 août 1906 transforme le cours secondaire en collège.

Nombre d'élèves maitresses à l'école normale, 1882, 1 T 164
Nombre d'élèves maitresses à l'école normale, 1882, 1 T 164

La loi Paul-Bert, promulguée le 9 août 1879, rend obligatoire l’entretien par les départements d’une école normale de filles pour former les institutrices.
L’école normale d’institutrices s’est installée à Périgueux le 24 avril 1882 dans les locaux de l’ancienne préfecture.
Cette même année, elles sont vingt à commencer une formation pour devenir institutrice.

Notice individuelle, Melle Espinause Marguerite, 1 T 93
Notice individuelle, Melle Espinause Marguerite, 1 T 93

L’enseignement est un secteur où les femmes peuvent exercer une profession, tout d’abord avec la garde des jeunes enfants dans les garderies ou les salles d’asile, puis l’enseignement primaire.
À la fin du XIXe siècle, la IIIe République affermit et amplifie la place des institutrices laïques. Les lois Jules Ferry, qui instaurent l’obligation scolaire pour les deux sexes, ouvrent la porte à un recrutement féminin à tous les stades de la scolarisation et offrent aux femmes la possibilité de faire carrière dans l’enseignement.

Notice de renseignements Melle Espinausse Marguerite, 1 T 93
Notice de renseignements Melle Espinausse Marguerite, 1 T 93

Marguerite Espinause sort de l’école normale en 1905. Son premier poste est à Douzillac. Issue d’une famille modeste, le métier d’institutrice lui offre une opportunité d’élévation sociale.

Conférence pédagogique, canton de Sainte Alvère, 28 octobre 1903, 4 T 138
Conférence pédagogique, canton de Sainte Alvère, 28 octobre 1903, 4 T 138

Les conférences pédagogiques réunissent les instituteurs et les institutrices sous la responsabilité d’un inspecteur ; ces derniers ont pour but de commenter les instructions et les programmes en vue de leur bonne application.
L’école de la Troisième République n’a pas pour seul objectif d’instruire ; elle a aussi pour ambition d’éduquer et de former les futurs citoyens.

Conférence pédagogique, canton de Sainte Alvère, 28 octobre 1903. L'enseignement de l'histoire
Conférence pédagogique, canton de Sainte Alvère, 28 octobre 1903. L'enseignement de l'histoire

L’histoire est une discipline fondamentale pour éduquer et former les futurs citoyens.

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