L’arrivée de la batteuse était suivie par de nombreux curieux, car c’était l’occasion d’une rivalité entre les cultivateurs qui fournissaient l’attelage pour la traction de la locomobile : ainsi, « chez Moreau », où ils avaient des bœufs, ils mettaient un point d’honneur à faire monter la plus rude pente sans le renfort des vaches de “chez Cormier“. Les bêtes couvertes d’écume blanche ont tiré la vanneuse jusque “chez Gorry“ où la locomobile a été mise en marche à grands coups de sifflet à vapeur. Chaque année, les mêmes hommes se retrouvent au même poste : les lieurs, ceux qui portent les sacs de grain, d’autres sur le pailler, et les plus petits dans les granges, pour qu’ils puissent passer sous les poutres pour entasser les bottes de paille. C’est à l’un d’entre eux qu’on fait traditionnellement la farce de l’obliger à soulever à la fourche une énorme botte de 50 kg. De l’allure et de la hauteur du pailler dépendent la réputation de chaque ferme; et des recettes de cuisine la réputation de chaque fermière : car, le travail fini, le repas qui suivait était une occasion de détente, une fête entre voisins, où ceux qui avaient le plus forcé, donc le plus bu, finissaient par une bonne “cuite“. Parmi les badauds de cette scène, le « fils du château », Paul Simonnet, en costume trois pièces, avec chaîne de montre et canotier... et les petits paysans nu-pieds (vers 1905).
Vendoire. Battage mécanique. Avant 1929. Archives départementales de la Dordogne, fonds Laffargue-Guimard, 33 Fi 209