Périgord, terre de sport
PÉRIGORD, TERRE DE SPORT
Dans l'arène :
Si les activités sportives ont existé de tout temps et pour toutes les classes sociales, la pratique moderne, tout comme le mot sport, nous viennent de l’Angleterre du début de l’ère industrielle. Cependant, même s’il est inexact de considérer les jeux du cirque comme une activité sportive alors qu’il s’agit plutôt d’un spectacle et de combats, quand il est question de patrimoine du sport en Périgord, il est difficile de ne pas évoquer l’amphithéâtre de Périgueux. Sa construction pourrait avoir commencé durant les règnes de Claude (41-54) ou de Néron (54-68). L’amphithéâtre avait une capacité d’environ 18 000 spectateurs (à titre de comparaison : 24 000 pour les arènes de Nîmes et 50 000 pour le Colisée). Après avoir été intégré à la muraille d’enceinte de la Cité, au IVe siècle, le comte de Périgord y installe une tour fortifiée et fait creuser un fossé. C’est aujourd’hui un jardin public et des jeux, plus calmes, y ont retrouvé leur place.
Le jeu de paume :
Très pratiqué sous l’Ancien Régime, le jeu de paume, mentionné par saint Augustin dans ses Confessions, existe au moins depuis l’Antiquité tardive. Il consiste à envoyer à l’adversaire une balle en tissu, appelée éteuf, avec la paume de la main. Afin de protéger la main, un gant de cuir est parfois utilisé, ou une raquette en bois appelée « battoir ». Au début du XVIe siècle, l’usage d’une raquette cordée de chanvre ou de boyau est introduit, mais on continue, plus rarement, de jouer à main nue, gantée ou avec un battoir.
En raison de son succès et de la durée de sa pratique, le jeu de paume a laissé beaucoup d’expressions qui ont cours encore aujourd’hui.
Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers... par une Société de gens de lettres. Mis en ordre et publié par M. Diderot ; et quant à la partie mathématique par M. d' Alembert.
Du sport loisir au sport moderne :
À l'aube de l'ère industrielle, les activités de plein air comme le tir, la chasse, la pêche, le golf étaient appelées sport. En ancien français, « desporter » signifiait « se divertir », « s’amuser » ; le mot « desport » a évolué en « disport », puis en « sport ». Il sera repris en France et désignera au XIXe siècle le même type de passe-temps aristocratiques, où courses de chevaux et parties de chasse tenaient une bonne place. Cet engouement pour le sport et les raids hippiques, traversant la Manche, va unir les deux pratiques, et l’on voit les premiers coureurs à pied courir en tenue de jockey. Le sport se démocratise également avec la diminution du temps de travail ; l’usage de la bicyclette qui devient peu à peu abordable et le premier Tour de France en 1903 favorise son essor. La Première Guerre mondiale va contribuer au développement de pratiques sportives collectives, comme le football ou le rugby. La victoire et la mise en exergue des valeurs d’effort, de courage et de jeunesse, participent également à cet essor des sociétés sportives des années 1920.
Le racing-club au bois de Boulogne. Dessin de M. Reichan. Le Monde illustré, Juillet 1887. © BnF Gallica
Pour la patrie !
Cette affiche réalisée par E. François, professeur de dessin au lycée de Périgueux, témoigne du caractère militaire et revanchard de l’éducation sportive au lycée, suite à la défaite de la guerre de 1870. Le texte du bas de page renforce encore cette impression.
Une médaille représentant Metz et Strasbourg, cédées en 1871 à l’Allemagne avec l’Alsace et la Moselle, est posée sur un socle surmonté d’une aigle bicéphale, symbole du Saint-Empire romain germanique, dont une tête tient un drap découvrant la médaille, et l’autre une chaîne de prisonnier. À côté du socle, un tambour percé, une épée brisée et un canon dont la roue est cassée, rappellent la déroute française. Mais le chardon, emblème de la Lorraine dont la devise est « qui s’y frotte s’y pique », est également « …symbole de la défense périphérique, de la protection du cœur, contre les assauts pernicieux du dehors* ». Cette idée de protection, de résistance, est accentuée par le lion de Belfort, que l’on retrouve devant le socle et qui semble veiller, prêt à récupérer ces territoires conquis.
*(Chevalier Jean, Gheerbrant Alain, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, 2019, p. 243)
La Guerre avait également permis la rencontre et la camaraderie sur le front. Des compétitions pouvaient avoir lieu, des sports d’équipe, comme le football et le rugby, favorisaient la cohésion de groupe. Le sport restait, même après le conflit, une activité propice à une forme de préparation militaire : « Le club des Merles Blancs (1925) se fixe comme objectif « la préparation militaire et l’éducation physique par l’exercice du football association ». L’article 1 des statuts du Rugby Club Mussidanais (1926) précise : « Dans l’intérêt supérieur de la République Française, la société a pour but de préparer les jeunes gens au service militaire ». Le Club Sportif Bel Air (1927) veut par la pratique du rugby « préparer au pays des hommes robustes ». La référence à la préparation militaire devient donc assez nettement académique. Point de doute qu’elle relève du discours de dirigeants et n’a guère à voir avec les préoccupations des pratiquants. » (GARRIGOU Alain, « la naissance du mouvement associatif sportif sous la IIIe République en Dordogne », dans ARNAUD P. et CAMY J., La naissance du mouvement associatif sportif en France, Presses universitaires de Lyon, 1986, p. 250.)
Terre de sport des Trente Glorieuses
Après la Seconde Guerre mondiale, le sport français peine à se reconstruire mais retrouve peu à peu une certaine activité. La très mauvaise performance de la France aux Jeux olympiques de Rome en 1960, mais également le désœuvrement d’une génération particulièrement jeune issue du baby-boom, vont convaincre le général de Gaulle de la nécessité d’une reprise en main. Il nomme Maurice Herzog d’abord haut-commissaire, puis secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports : il met en place entre 1958 et 1965 un ambitieux programme dans lequel la jeunesse est relativement prioritaire. Chaque établissement scolaire doit intégrer des installations sportives d’intérieur et d’extérieur, les centres de loisirs, de vacances ou de plein air sont aussi subventionnés. Les disciplines sportives sont de plus en plus variées, voire exotiques. Au-delà du football et du rugby qui sont devenus traditionnels, du cyclisme qui poursuit son ascension, on pratique le waterpolo, la plongée, le basket ball, le motocross… On peut, en Périgord, retrouver cette pratique, tout comme ces nouveaux équipements sur les photographies présentées.
Rencontre de sport scolaire, 1966. Fonds Lagrange, 52 Fi 2304.